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Chères amies, chers amis,
Vous avez participé activement à la belle aventure collective du projet ANR « Sortir de la violence » (SoV). Celui-ci prend fin — administrativement — le 30 septembre.
Durant les cinq années du projet (six avec l’année d’élaboration), plus de 70 personnes y ont été impliquées, à des titres et des degrés divers, sur des durées variables.
Nous l’avons conçu et mis en place — Michel Wieviorka, Jean-Pierre Dozon, Sabrina Melenotte, Sylvie Gangloff et moi-même — en 2015-2016 dans le contexte des attentats en France. En collaboration avec des collègues colombiens, acteurs et analystes du processus de paix dans leur pays.
L’ANR-SoV a été l’un des principaux programmes de l’Observatoire de la Violence et de la Sortie de la violence créé par Michel Wieviorka à la FMSH. Nous y avons associé une équipe animée par Jérôme Ferret à la MSHS de Toulouse.
Le projet a été financé par l’Agence nationale de la recherche, qui a validé et salué le travail accompli durant ces cinq années.
On trouvera sur le site (https://sov.hypotheses.org/) une présentation détaillée des activités, des productions et des résultats : colloques, publications, vidéos, rapports…
Nos recherches ne s’arrêtent pas le 30 septembre. Plusieurs publications majeures (dont deux ouvrages collectifs et un mook) sont en cours. Des activités de valorisation et de diffusion sont envisagées à l’occasion de leur parution.
Le projet ANR-SoV a contribué à ouvrir un nouveau domaine de recherche. Cette ambition de l’Observatoire de la Violence et de la Sortie de la violence sera poursuivie dans d’autres projets et programmes. Nous comptons sur chacune et chacun d’entre vous pour continuer à faire vivre le solide réseau international constitué.
À toutes les étapes du projet et en particulier lors des quatre colloques internationaux (cinq en comptant celui organisé en partenariat avec l’Assemblée nationale en mai dernier), nous avons échangé non seulement avec la communauté des chercheurs, mais aussi avec des décideurs, des acteurs politiques et associatifs, nous nous sommes adressés aux médias et à un large public.
L’un de nos principaux objectifs était de soutenir et de promouvoir de jeunes chercheurs. Sur ce plan aussi, le projet a porté ses fruits. Trois de ses membres — Sabrina Melenotte, Claude Le Gouill et Valentina Napolitano — ont été recrutés sur un poste permanent à l’Institut de recherche sur le développement (IRD). Plusieurs autres ont obtenu des contrats à durée déterminée : Léo Montaz (ATER), Chiara Calabrese et Luis Velasco-Pufleau (poste Marie Curie), John Sabogal (bourse Fulbright)…
Merci à tous les participants. Merci aux chercheurs qui ont assumé la responsabilité des quatre axes scientifiques du programme, ainsi qu’aux membres du conseil scientifique qui l’ont nourri de leurs observations et commentaires.
Une pensée pour Alfonso Pérez-Agote, associé au projet dès le début et qui nous a quittés avant d’en voir l’achèvement.
Je remercie très spécialement Sabrina Melenotte, Claude Le Gouill et Verónica Vallejo, qui, successivement, m’ont assisté dans la coordination du projet, où ils ont manifesté, outre leurs qualités de chercheurs, des talents d’organisateurs et d’animateurs. Claude et Verónica ont eu à travailler dans les conditions particulièrement difficiles de la pandémie.
Sylvie Gangloff nous a apporté une aide précieuse.
À travers vous, j’adresse aussi mes remerciements aux nombreux personnels techniques et administratifs qui se sont investis dans des tâches souvent invisibles. Comme l’a souligné André Guichaoua lors du colloque final, sans eux les programmes collectifs de recherche comme celui-ci ne pourraient être menés à bien.
Amicalement
Yvon Le Bot
Responsable du projet ANR-SoV
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Queridas amigas, queridos amigos:
Todos ustedes participaron activamente en la magnífica aventura colectiva del proyecto ANR “Sortir de la violence” (SoV).
Este finaliza —administrativamente— el 30 de septiembre.
Durante los cinco años que duró el proyecto (seis incluyendo el año de preparación), más de 70 personas participaron en él, de forma diversa y en distintos grados, durante períodos de tiempo variados.
Lo concebimos y pusimos en marcha — Michel Wieviorka, Jean-Pierre Dozon, Sabrina Melenotte, Sylvie Gangloff y yo mismo— en 2015-2016 en el contexto de los atentados en Francia, en colaboración con colegas colombianos, actores y analistas del proceso de paz en su país.
El proyecto ANR-SoV fue uno de los principales programas del Observatorio de la Violencia y de la Salida de la Violencia creado por Michel Wieviorka en la FMSH. A él asociamos un equipo dirigido por Jérôme Ferret en la MSHS de Toulouse.
El proyecto fue financiado por la Agencia Nacional de Investigación, que validó y elogió el trabajo realizado durante estos cinco años.
En el sitio web (https://sov.hypotheses.org/) puede encontrarse una presentación detallada de las actividades y resultados: coloquios, publicaciones, vídeos, informes…
Nuestras investigaciones no se detienen el 30 de septiembre. Están en marcha varias publicaciones importantes (entre ellas dos obras colectivas y un mook). Está previsto realizar actividades de promoción y difusión cuando se publiquen.
El proyecto ANR-SoV ha contribuido a abrir un nuevo campo de investigación. Esta ambición del Observatorio de la Violencia y de la Salida de la Violencia proseguirá mediante otros proyectos y programas. Esperamos que todas y todos sigan manteniendo viva la sólida red internacional que se ha constituido.
En todas las etapas del proyecto, y en particular durante los cuatro coloquios internacionales (cinco si contamos el organizado en colaboración con la Asamblea Nacional francesa el pasado mes de mayo), hemos dialogado no sólo con la comunidad investigadora, sino también con los responsables de la toma de decisiones, con los actores políticos y con el mundo asociativo, y nos hemos dirigido a los medios de comunicación y a un público amplio.
Uno de nuestros principales objetivos era apoyar y promover a los jóvenes investigadores. También en este aspecto el proyecto ha tenido éxito. Tres de sus miembros —Sabrina Melenotte, Claude Le Gouill y Valentina Napolitano— han sido contratados para ocupar puestos permanentes en el Instituto de Investigación sobre el Desarrollo (IRD). Otros obtuvieron contratos de duración determinada: Léo Montaz (ATER), Chiara Calabrese y Luis Velasco-Pufleau (puesto Marie Curie), John Sabogal (beca Fulbright)…
Nuestro agradecimiento a todos los participantes. Gracias a los investigadores responsables de los cuatro ejes científicos del programa, así como a los miembros del consejo científico que aportaron sus observaciones y comentarios.
Recordamos a Alfonso Pérez-Agote, que estuvo asociado al proyecto desde el principio y que nos dejó antes de ver su finalización.
Agradezco especialmente a Sabrina Melenotte, Claude Le Gouill y Verónica Vallejo, que me ayudaron sucesivamente en la coordinación del proyecto, en el que, además de sus cualidades como investigadores, demostraron su talento como organizadores. Claude y Verónica tuvieron que trabajar en condiciones especialmente difíciles debido a la pandemia.
Sylvie Gangloff nos proporcionó una ayuda inestimable.
A través de ustedes también quiero agradecer a los numerosos técnicos y administrativos que se dedicaron a tareas que a menudo son invisibles. Como lo señaló André Guichaoua durante el coloquio final, sin ellos no podrían llevarse a cabo programas de investigación colectiva como este.
Muy cordialmente,
Yvon Le Bot
Responsable del proyecto ANR-SoV
]]>Avec une quinzaine de contributions, et sur la base de diverses études empiriques (Colombie, Chili, Argentine et Mexique), cet ouvrage livre des analyses poussées sur les processus de sortie de la violence (sorties juridico-politiques, sorties par le mouvement social et culturel et processus mémoriels).
L’ouvrage est disponible en librairie o sur commande.


Avec les contributions de Josemaría Becerril Aceves, Collectif Paris-Ayotzinapa, Emmanuelle Corne, Paola Díaz, Luis López, Sabrina Melenotte, Natalia Mendoza, Marcos Nucamendi, Verónica Vallejo Flores

Le mook Mexique : une terre de disparu.e.s est le fruit d’une collaboration originale et inédite entre une équipe de recherche, des photographes, un collectif de solidarité internationale contre les violences d’État, et la FMSH.
Composé de 19 récits, 2 enquêtes et 1 portfolio, ce nouveau format d’édition et de valorisation de la recherche permet de raconter “autrement” une tragédie humaine et ses conjurations, en vue de s’adresser à un public plus large que les cercles universitaires restreints. Il propose au lecteur des éléments de contextualisation sur les violences et les disparitions au Mexique, des histoires individuelles et des expériences collectives ainsi que des exercices et des expériences d’arts et de mémoires non-officielles.
À l’initiative de l’anthropologue Sabrina Melenotte, ce projet de publication hybride est né de travaux menés dans le cadre de l’ANR “SoV-Sortir de la violence”, et s’est progressivement élargi à de jeunes chercheurs et chercheuses provenant de plusieurs disciplines des sciences sociales (anthropologie, sociologie, histoire) et une photographe référente. Projet collectif et interdisciplinaire, cet ouvrage est le témoin d’une recherche engagée aux côtés des acteurs sociaux d’une histoire en train de s’écrire.
Les équipes de la FMSH ont accompagné le dessein de ce mook sur la photographie, le maquettage, la production, la co-édition et la diffusion des résultats de recherche. Sa parution couronne quatre années d’accompagnement sur le volet diffusion des connaissances de la Plateforme Violence et sortie de la violence. Dans ce cadre, la FMSH a également soutenu la création d’une nouvelle revue, Violence: An international journal, et a assuré l’organisation, la captation et la diffusion de nombreux colloques et séminaires mobilisant des centaines de participantes et participants.
L’ouvrage
Depuis la « guerre contre le narcotrafic » impulsée en 2006, le Mexique est devenu une terre de disparu.e.s.
En donnant voix et visages aux familles de victimes qui suivent les traces de leurs êtres chers, les récits et les photographies de cet ouvrage livrent des clés de compréhension sur la façon dont une société vit dans, avec, contre et après des violences extrêmes et massives.
Face à un État dysfonctionnel et des institutions fragmentées, les recherches « en vie », « dans la nature », auprès des institutions, dans les villes et villages reculés, mais aussi les expressions artistiques et mémorielles, sont autant de clameurs de justice d’une société qui embrasse à bras le corps le destin de dizaines de milliers d’anonymes, disparu.e.s ou retrouvé.e.s mort.e.s.
Consultez l’ouvrage en ligne
]]>Resumen
El presente artículo tiene como objetivo explicar los antecedentes que abrieron paso al estallido social vivido en Colombia en las manifestaciones que iniciaron el 28 de abril de 2021, en un contexto de implementación parcial del Acuerdo de Paz. Se analizarán específicamente las formas artísticas que abrieron espacio a la denuncia de la violación de los Derechos Humanos y a la resistencia frente a las acciones represivas del Estado, así como el dispositivo de la Jurisdicción Especial para la Paz (JEP). De esta manera se abordarán los esfuerzos que desde del arte y desde la JEP contribuyen a construir una vía hacia la salida de la violencia, con una postura de fuerte empatía con las víctimas.
Résumé
Cet article a pour objectif d’expliquer les antécédents à l’explosion du mouvement social qui s’est déclenchée en Colombie à partir du 28 avril 2021, dans un contexte d’application partielle des accords de paix. Nous analyserons les formes artistiques à partir desquelles se sont exprimées les dénonciations des violations des droits humains et la résitance fase aux actions répressives de l’Etat ainsi que le rôle du dispositif de la Juridiction Spéciale pour la Paix (JEP). Il s’agira ainsi de se pencher sur les efforts réalisés à travers l’art ou les institutions de justice pour sortir de la violence, avec une posture forte d’empathie envers les victimes.
]]>Résumé
À partir de recherches ethnographiques menées dans l’État de Rio de Janeiro, au Brésil, et dans l’État de Sonora, au Mexique, nous analysons les morts et disparitions massives dans le cadre de régimes (formellement) démocratiques. Une comparaison par contraste nous permet de mettre en évidence des dynamiques de similitudes et de différences entre ces deux lieux. Nous établissons un dialogue avec la perspective structurelle de la nécropolitique et les travaux qui analysent les expériences des victimes dans différents contextes nationaux. Nous proposons de relier la notion d’environnement nécropolitique à une analyse des pratiques de valorisation de la vie humaine. Pour ce faire, nous partons du point de vue des expériences des personnes dont la vie, ainsi que celle des parents et des proches, est socialement dévalorisée (valuation studies). Cette analyse met en évidence la centralité du corps maternel et permet de comprendre la dynamique de friction entre l’environnement nécropolitique et l’émergence de formes de vies possibles, définies sur la base de liens inter-corporels entre les familles et les proches morts ou disparus.
]]>L’article est disponible en accès libre sur le site web de la revue.
Abstract
Listening experiences provide valuable insights in understanding the meaning of events and shaping the way we remember them afterwards. Listening builds relationships with places and subjectivities.
What kinds of relationships and connections are built through listening during an event of extreme violence, such as a terrorist attack? Th is article examines the relationships between sound, space, and affect through an acoustemology of Bataclan survivors’ sensory experiences of both the terrorist attack and its aftermath. I draw on the testimonies of nine survivors of the Bataclan terrorist attack in Paris, which unfolded on the evening of 13 November 2015 during a rock concert, as well as interviews with three parents of survivors and victims. This article explores how the study of listening experiences and aural memories of survivors contributes to understanding mnemonic dynamics and processes of recovery related to sound following violent events.
]]>L’article, co-écrit avec Oscar David Montero de la Rosa, peut être téléchargé sur le site web de la revue.
Résumé
El texto tiene como objetivo proponer algunas reflexiones sobre la participación de los pueblos y las organizaciones indígenas y afrodescendientes en el proceso de paz de La Habana entre las farc-ep y el Estado colombiano. Realizando una reconstrucción crítica de momentos y dinámicas claves de la participación étnica en la negociación y los avances parciales de la implementación, se identifican las tensiones, propuestas y alternativas que indígenas y afrodescendientes han posicionado para la construcción de paz en Colombia. Las reflexiones girarán alrededor del capítulo étnico del Acuerdo, entendido como una propuesta de los pueblos étnicos por una paz desde los territorios para el Buen Vivir y el Vivir Sabroso.
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Nous avons le plaisir de vous annoncer la parution de Family and jihadism. A Socio-Anthropological Approach to the French Experience. L’ouvrage, fruit du travail réalisé par les membres de la tâche 2 de l’ANR-SoV, « De l’expérience subjective à l’engagement collectif », et coordonné par Jérôme Ferret et Farhad Khosrokhavar, comprend notamment une série d’études de cas sur les filières djihadistes d’Artigat, de Barcelone et de Ripoll, de Toulouse et de Cannes Torcy, tout en approfondissant les hypothèses transversales sur les liens entre anthropologie de la famille et engagement violent.
Family and jihadism. A Socio-Anthropological Approach to the French Experience est désormais disponible sur commande.
Texte de présentation écrit par l’éditeur de la collection, K. McDonald
Les lecteurs potentiels pourraient se demander pourquoi inclure un livre explorant « le jihadisme et la famille » dans une série consacrée aux « mouvements sociaux au XXIe siècle » ? Les mouvements sociaux sont généralement abordés en termes d’activisme, soit encadré par des opportunités (modèles d’action instrumentale/rationnelle), soit par des valeurs et des expériences (approches culturelles des mouvements). Où se situent le djihadisme et les expériences familiales dans cette matrice ?
La réponse à cette question se trouve dans les chapitres qui suivent. Au cours du XXIe siècle, le djihadisme est apparu comme un nouveau type de mouvement, qui ne s’inscrit ni dans le cadre d’organisations ni dans celui de ce que l’on entend généralement par « action collective ». De nouveaux modèles d’action et de culture ont vu le jour, reliant souvent des micromondes regroupés autour de leaders charismatiques à des imaginaires mondiaux conçus en termes de violence. Les voies d’accès au djihadisme sont souvent très personnelles et, comme le démontrent les recherches détaillées dans ce livre, ces voies sont intimement liées aux expériences et aux imaginaires de la famille.
Il est surprenant que peu de recherches explorent cette nouvelle réalité. Ce livre le fait, en s’engageant dans certains des actes de violence djihadiste les plus significatifs à émerger en France et en Espagne au cours de la dernière décennie, depuis les meurtres entrepris par Mohammed Merah à Toulouse en 2012 jusqu’aux attaques de Barcelone et de sa région en 2017, détaillées dans des processus juridiques qui se sont poursuivis en 2021.
Dans ces cas de violence extrême, nous ne rencontrons pas d’excès de dévotion religieuse, ni d’acteurs abordant la politique étrangère et ce que nous pourrions concevoir comme de la « politique ». Le passage à la violence n’est pas le résultat d’une longue période d’activisme frustré pour un monde meilleur. Dans les chapitres qui suivent, nous rencontrons des thèmes très différents, souvent associés à des images du père, à des modèles de communauté, à une perte de signification et à un affaiblissement des principes et des normes qui permettent aux acteurs de construire une expérience personnelle cohérente. Nous découvrons des expériences postcoloniales du capitalisme néolibéral, un effondrement de la confiance en l’avenir, des constructions de formes de piété qui servent de protection contre une société qui stigmatise et ce que Khosrokhavar décrit comme la tentative de transformer la religion en un « instrument de guerre totale contre la société ».
Ce livre rend compte de processus qui ne sont pas seulement centraux pour le djihadisme en tant que mouvement organisé autour de pratiques et d’imaginaires de violence extrême. Il offre également un aperçu essentiel des tensions et des crises fondamentales qui façonnent les sociétés européennes contemporaines. Le lecteur constatera qu’une attention toute particulière est accordée aux différentes stratégies de recherche, depuis les entretiens et l’utilisation de questionnaires jusqu’aux ethnographies, aux observations de terrain et aux histoires de vie. S’appuyant sur différentes disciplines et stratégies de recherche empirique, ce livre ouvre des réalités difficiles d’accès. Ce faisant, il explore des questions centrales pour le monde dans lequel nous vivons aujourd’hui.
Table des matières
Series Editor’s Introduction
1. French Jihadism and the Family: Hypothesis and Presentation of the Fields Studied
Jérôme Ferret, Farhad Khosrokhavar and Bruno Domingo
2. The ‘Merah Clan’. Family Trajectories and Transformation of the Economy of Violence
Bruno Domingo
3. Artigat or the Imaginary Neo-Umma
Farhad Khosrokhavar
4. Charisma of Action, Mystical Charisma, Neo-Umma Source of European Jihadism: The Example of Toulouse and its Region
Abderrahim El Janati
5. New Fraternal Scenes and Jihadist Violence. Ripoll (Catalonia, North Spain)
Jérôme Ferret
6. Rise and Fall of a Jihadist Neo Family: The Cannes-Torcy Cell
Bartolomeo Conti
7. The Jihadist Commitment as a Solution to the Impasses of Family Transmissions
Sonia Harrati and David Vavassori
8. Jihadism and the Family: A Heuristic Model Questioned, Energized and Augmented
Jérôme Ferret, Farhad Khosrokhavar and Bruno Domingo
Appendix: Biographical Presentation of the Main Actors Studied
]]>Résumé
Entre 1960 et 1996, le Guatemala a été le théâtre d’un conflit armé extrêmement violent, laissant dans son sillage 250 000 morts et disparus, plus d’un million de réfugiés et 600 villages entièrement détruits. Avec 83% des victimes d’origine maya et 93% des exactions commises par des forces gouvernementales, ce conflit se caractérise par ses accents génocidaires, notamment dans la région ixil. En 2013, un procès s’est ouvert à son encontre pour crimes de génocide et crimes contre l’humanité contre le peuple maya ixil, ravivant les traumatismes et tensions du conflit dans la société qui s’est notamment divisée autour de la qualification des actes commis à cette période.
La rhétorique du génocide est utilisée par certains Ixil comme un instrument politique d’une part, et, d’autre part, comme un vecteur d’organisation sociale, que ce soit dans sa négation comme dans son affirmation. Un certain discours militant, hérité du discours marxiste indigéniste de la guérilla et de la Comisión para el Esclarecimiento Histórico (CEH), revendique non seulement la catégorisation des événements des années 1980 comme génocide, mais également son inscription dans un continuum de violences de type génocidaire. Les militantes féministes ixil se sont emparées de cette question afin de construire une forme de résilience par l’activisme, en inscrivant les violences subies pendant le conflit dans un continuum d’oppressions qu’elles intègrent à des rhétoriques discursives panaméricaines. Ainsi, à partir du cas ixil, nous tâcherons d’élargir le point d’analyse afin de comprendre comment des idéologies transnationales se diffusent et sont adaptées au contexte local pour proposer une forme spécifique de sortie de la violence par la diffusion d’une mémoire militante et genrée du conflit. Cet article se fonde sur une enquête ethnographique menée entre juin 2017 et mai 2018 auprès de femmes ixil de Nebaj se revendiquant comme féministes, sur l’observation et la participation à des événements publics organisés par des organisations de la société civile, la participation à des réunions associatives et/ou municipales, mais également sur des entretiens semi-directifs avec ces femmes, ainsi que sur de nombreuses discussions informelles avec celles-ci.
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Víctor Quintana est enseignant-chercheur à l’Université autonome de Ciudad Juárez, Mexique. Conseiller auprès de plusieurs organisations sociales, il a été député au Congrès fédéral ainsi qu’au congrès de l’État du Chihuahua. Ses recherches portent sur les violations des droits de l’homme, les violences criminelles et les mouvements sociaux, notamment dans le Chihuahua.
Publications
Ouvrages
2014 (avec Armando Bartra, Rosario Cobo, Miguel Meza, Lorena Paz Paredes et Lourdes Rubiño) Haciendo milpa. Diversificar y especializar: estrategias de organizaciones campesinas, Mexico, Circo Maya-Itaca, 191 p.
2012 Campesinos y ciudadanos en México. Estrategias campesinas de resistencia a la globalización en el oeste del estado de Chihuahua, Chihuaha, Universidad Autonoma de Ciudad Juárez, 167 p.
Articles dans des revues à comité de lecture
2016 “Movimientos rurales y ajuste estructural, 33 años de resistencia”, El Cotidiano, no 200, p. 32-48.
2013 « Nuevo orden alimentario y disputa por el agua en el norte de México », Apuntes, vol. 40, no 73, p. 175-202.
2013 « Chihuahua. Guerra contra el narcotráfico y calentamiento social », Cahiers des Amériques latines, no 70, p. 83-105.
2006 « Agricultural fronteriza y TLCAN », Ciudades, no 69.
2006 « El movimiento campesino mexicano 2002-2003 y su impacto en las políticas públicas », ALASRU. Nueva época. Análisis latinoamericano del medio rural, no 4, p. 311-330.
2003 « México: problemas y desafíos de la transición y gobernabilidad democráticas », Foro, no 55.
Chapitres d’ouvrages
2012 « Protesta rural y crisis alimentaria en Chihuahua 2008-2010 », in Blanca Rubio (dir.), Crisis alimentaria mundial: su impacto en el campo mexicano, México, UNAM/Éd. Miguel Angel Porrúa.
2011 « Crisis y soberanía alimentaria », in Alfonso Cortazar, Bejamín Carrera et Eduardo Pérez (dir.), La continuidad de la discusión sobre soberanía alimentaria y economía del sector agropecuario en México, Ciudad Juárez, UACJ.
2009 « Entre el ajuste y la sequía: El perfil de la agricultura chihuahuense (1981-2003) », in Víctor Orozco (dir.), Chihuahua Hoy, Ciudad Juárez, UACJ.
2006 « Yo que fui del poder ave de paso… », in Carlos Basombrio (dir.), Activistas e intelectuales de la sociedad civil en la función pública en América Latina, Mexico, Incide social.
2004 « Why the Mexican Rural Sector can´t take it anymore », in Gilbert Gonzalez et Raúl A. Fernández (dir.), Labor Versus Empire, New York, Routeledge.
2004 « El Campo no aguanta más: cinco meses de movilización campesina », in A. Bartra, F. Celis, P. Garcia, A. Gomez, V. Quintana et V. Suarez, El Nuevo Movimiento Campesino Mexicano, Mexico, Fundación Heberto Castillo Martínez.
2003 « A gritos y sombrerazos : continuidad y cambio en la política agropecuaria del Gobierno de Vicente Fox », in Samuel Schmidt (coord.), La Nueva Crisis de México, Mexico, Aguilar Nuevo Siglo.
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Présentation
]]>Il est des moments dans une vie, une génération ou l’histoire d’une civilisation, où l’on a besoin de mots différents pour décrire le monde en mutation, et où les anciens termes ont besoin de nouvelles significations.
La traduction de mots et de mondes : non seulement d’une langue vers une autre, mais aussi d’un monde ancien qui se meurt vers un nouveau monde en devenir. C’est ainsi que Gramsci a défini à merveille ce qu’étaient une « traduction » et une « crise ». Et cela semble décrire parfaitement nos mondes contemporains : la nécessité de traverser ce passage intermédiaire et de se diriger vers un nouvel horizon, d’aller au-delà de la crise économique, au-delà des institutions représentatives traditionnelles et de la gouvernementalité globale actuelle, au-delà de l’effondrement écologique, et certainement au-delà de la pandémie de Covid-19 qui – comme d’autres crises sanitaires ayant touché (différemment) des régions plus ou moins « chanceuses » – œuvre comme un détecteur de symptômes : elle révèle et approfondit toutes les autres crises, mais n’explique pas toujours leurs racines et leurs causes. À cet endroit précis résident peut-être les objectifs des sciences humaines et sociales, y compris des recherches débattant avec les sciences « naturelles », la littérature et les arts : offrir une pensée « radicale », dans son sens étymologique, c’est-à-dire qui permette de retourner à la racine des causes ; et offrir des inspirations, ainsi que des outils pratiques, pour imaginer et construire cet « au-delà ». Mais comment cela est-il possible si les sciences humaines et sociales sont elles-mêmes considérées comme étant en crise ?
Telle est aussi, plus modestement, la situation de l’anthropologie politique. Les deux mots qui la constituent – « anthropologie » et « politique » – renvoient à des réalités que nous devons de toute urgence reconsidérer : la place de l’humain dans le monde et sa relation à tout le vivant ; la politique comme moyen de construire ce monde commun et de négocier collectivement cette relation, par le consensus ou le dissensus. Lorsque des personnes s’engagent dans quelque projet relatif à l’anthropologie politique (chercheur.e.s, journalistes, mais surtout étudiant.e.s et nouveaux adeptes), elles la considèrent comme un outil extraordinaire pour saisir et interpréter, d’un point de vue situé ou théorique, les différentes crises emboîtées que nous traversons. Pourtant, dans le même temps, nous avons de plus en plus de mal à admettre l’idée d’une anthropologie politique formant une branche disciplinaire distincte, avec toutes les conséquences qu’entraîne une telle conception : une connaissance spécialisée et étroite, à l’opposé d’une approche plus large de la condition humaine et de ses possibilités ; une connaissance dont les racines sont européo-centrées, depuis longtemps dominée par des anthropologues occidentaux et masculins, etc. Nous avons le sentiment d’être depuis longtemps déjà dans l’ère du « post » (postcolonial – ou décolonial – par exemple), et que notre discipline l’est davantage encore quand on pense à certaines traditions anthropologiques non occidentales. Pourtant, l’usage même du préfixe « post » confesse notre difficulté persistante à formuler de nouveaux paradigmes et de nouvelles pensées qui permettent de dépasser l’« ancien monde » et de faire un saut vers le nouveau. Nous avons encore besoin de trouver, d’élaborer et de développer de nouvelles significations pour notre travail au-delà de ses limites, barrières et frontières, qu’elles soient nationales, culturelles, ethniques, linguistiques, sociales, raciales, « naturelles », ou autres, avec tout ce que cela implique sur le plan méthodologique et épistémologique.
C’est pourquoi nous avons souhaité, pour commencer, demander simplement « qu’entendez-vous par anthropologie politique ? » à certain.e.s des chercheur.e.s et intellectuel.le.s les plus influent.e.s dans ce domaine : Veena Das, John Gledhill, Margaret Jolly et Silvia Posocco. Nous avons pris le risque de leur poser des questions à première vue élémentaires, et même de les provoquer un peu en tenant naïvement pour acquis que ce que l’on appelle « anthropologie politique » existe réellement. Il et elles ont tous réagi en refusant l’idée qu’une tribu d’expert.e.s appartenant à une branche disciplinaire du xxe siècle puisse demeurer inchangée, ou même avoir un sens aujourd’hui ; et ce n’était que le point de départ de réponses incroyablement riches, pleines d’intuitions émergeant de l’anthropologie politique et allant au-delà de celle-ci, la définissant à la fois comme expérience individuelle et comme bagage commun (et global) pour l’avenir.
Riccardo Ciavolella, Sabrina Melenotte, Gianfranco Rebucini et Éric Wittersheim, « Au-delà de l’anthropologie politique. Introduction », Condition humaine / Conditions politiques [en ligne], 2 | 2021.
Résumé
Le Mexique traverse actuellement une crise politique et sécuritaire qui accélère une transition funéraire dont le défi est de dépasser la crise médico-légale provoquée par les disparitions et morts en masse. En interrogeant la nouvelle métaphore nationale « le pays est une énorme fosse clandestine », cet article contribue à la réflexion sur les nouvelles frontières de la mort et du politique en pleine redéfinition. À partir d’enquêtes ethnographiques menées dans le Guerrero et le Veracruz, j’analyse quatre nouveaux espaces clandestins, institutionnels et non-institutionnels, de la mort (déchetterie, fosse clandestine, « cuisine », morgue) qui produisent des corps-déchets singuliers du nécropouvoir contemporain. Ainsi, les nouvelles disparitions créent un « gouvernement des morts » au Mexique qui implique une « performance de la souveraineté » irréductible au pouvoir étatique.
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Ricardo Peñaranda est directeur de l’Institut des études politiques de l’Université Nationale de Colombie. Ancien consultant auprès du Centre national de mémoire historique (Colombie), ses recherches portent sur les conflits armés, les mouvements sociaux et les luttes autochtones en Colombie et en Amérique latine, ainsi que sur les processus de construction de mémoire et de réparation des victimes.
Publications (sélection)
Ouvrages
2015 Guerra Propia, guerra ajena. Conflictos armados y reconstrucción identitaria en los Andes colombianos, Bogotá, CNMH/IEPRI.
2012 Nuestra vida ha sido nuestra lucha. Resistencia y Memoria en el Cauca indígena, Bogotá, CNMH.
2011 Contra viento y marea. Acciones colectivas de alto riesgo en las zonas rurales colombianas 1985 –2005, Bogotá, IEPRI.
Codirection d’ouvrages
2009 (avec Francisco Gutiérrez) Mercados y armas. Conflictos armados y paz en el período neoliberal, Bogotá, IEPRI.
2001 (avec Charles Bergquist y Gonzalo Sáchez) Violence in Colombia 1990-2000. Waging War and Negotiating Peace, Scholarly Resources.
Chapitres d’ouvrages
2018 “De la Memoria a la Historia”, in Veinticinco ideas para sanar el futuro, Bogotá, IEPRI.
2012 “Las guerras de los años ochenta y la Resistencia contra los actores armadas”, in Memoria y Resistencia en el Cauca Indígena, Bogotá, CNMH.
2011 “Violencia política y acción colectiva en el norte del Cauca”, in Acciones colectivas de alto riesgo, Bogotá, IEPRI.
2010 “Economic Liberalization and War: The Central American scenario”, in Economic Liberalization and Political Violence, Pluto Press.
2006 “Resistencia civil y tradiciones de resistencia en el sur occidente colombiano”, in Nuestra guerra sin nombre, Bogotá, IEPRI.
2001 “The War on Paper: A Balance Sheet on Works Published in the 90s”, in Violence in Colombia 1990-2000, Scholarly Resources.
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Membre de l’ANR SoV, Bruno Domingo vient de publier sur notre site l’article « Les collectivités territoriales dans la spirale du contre-terrorisme : émergence d’un nouvel espace d’intervention ? »
Résumé
Le cadre de la prévention et de la lutte contre le terrorisme s’est profondément transformé au cours des dernières années en France, avec notamment l’intégration de logiques et d’acteurs autrefois jugés périphériques et le développement de nouvelles stratégies d’action publique. Si la lutte contre la menace terroriste demeure toujours le domaine réservé des services de l’État, les acteurs que constituent les collectivités territoriales ont progressivement intégré dans leurs agendas les incitations formulées par ce dernier dans une perspective plus globale de « contre-terrorisme ». Quelle place leur accorde-t-on désormais dans cette nouvelle « gouvernance » de l’action publique en réponse aux phénomènes terroristes ? On essaiera de montrer comment, en quelques années, s’est structuré un nouveau champ de compétence dans le domaine de la protection locale des populations contre le risque terroriste et d’action sociale en matière de prévention et de prise en charge de la « radicalisation », voire de la « pré-radicalisation ». Ce processus se traduit par la structuration incrémentale d’une forme mixe de délégation, ni véritablement déconcentrée, ni véritablement décentralisée, de l’action publique dans ce domaine traditionnellement hautement centralisé et spécialisé. Si c’est l’usage d’outils contractuels entre l’État et les collectivités qui prédomine pour régler ces formes nouvelles d’action, la mise en place d’instruments plus directifs est parfois observable faisant osciller le statut attribué aux collectivités : entre « partenaires » de l’action publique et « cibles » de cette même intervention. Si ces processus ont fait émerger de nouveaux champs d’intervention sur le plan local, ils n’ont néanmoins pas fondamentalement remis en question la répartition des mandats entre État et collectivités territoriales.
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