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comme dans tout événement de cette ampleur, quelques-uns de nos invités ne pourront finalement pas se joindre à nous ce soir.
Toni Negri, Judith Revel et Frédéric Keck sont malheureusement retenus en France.
Mais n’ayez crainte : vous aurez toujours la tâche ardue de choisir entre de nombreux débats, conférences, projections et commentaires d’œuvres qui se déroulent au même moment et le programme reste non-stop!
]]>Philosophe politique héritier de l’oeuvre d’Hannah Arendt, Etienne Tassin est aujourd’hui un des plus grands penseurs du cosmopolitsme et de la condition migrante. Il est aussi un des philosophes les plus engagés dans les discussions et actions de concrètes de l’espace public, international et français, comme l’a montré tout récemment son action constante auprès des réfugiés et tout particulièrement de la « jungle » de Calais.
La philosophie de la condition migrante qu’il développe pour penser les nouvelles formes de citoyennetés cosmopolitiques, indissociable de cet engagement, c’est à la fois et en ce sens une pensée de la condition des migrants, des mutations de la migration elle-même à l’heure de la mondialisation, mais aussi et en miroir, une pensée qui prend le pari de redéfinir ce que sont l’action politique et les nouveaux dilemmes de l’identité, singulière et collective,depuis cette condition migrante qui ne peut plus être considérée aujourd’hui « aux bords » du politique ni bien sûr de la communauté ; elle est au cœur.
Le maléfice de la vie à plusieurs (Paris, Bayard, 2012) – dont le titre est lui-même emprunté à Merleau-Ponty – reprend ainsi ce que de nombreuses études d’Etienne Tassin ont élaboré au croisement de l’héritage arendtien et d’une phénoménologie tout aussi essentielle à ses yeux (il a d’ailleurs beaucoup contribué à la reconnaissance et à la diffusion de la philosophie de Jan Patočka en France) : l’effort pour penser autrement le statut proprement politique de l’étranger. Qu’en est-il de ce statut politique de l’étranger ? E. Tassin nous propose de le reproblématiser depuis la triade alien, foreign, stranger, et dans son lien avec la notion de cosmocitoyenneté, à l’heure où la mobilité forcée, devenue planétaire, impose de fait un bouleversement du rapport au propre – et à nos prétendues appartenances – à l’intérieur même de chaque institution socio-historique. Un bouleversement qui retient E. Tassin au point de tenter de renverser depuis lui le déracinement en expérience positive de l’étrangeté en politique, définissant le cosmopolitisme comme manière d’être soi et d’être au monde ressortissant de l’étrangeté.
Revenant sur l’histoire du cosmopolitsme, E. Tassin propose de penser les manières d’être citoyen du monde depuis trois figures : Diogène – figure du rebelle –, Cicéron – figure de l’officier –, et Montaigne, auquel se joint Diderot, pour nommer tous deux la figure de l’essayeur ; celle de l’aumônier à Tahiti, pour qui il s’agit de « prendre le froc du pays où l’on va, et (de) garder celui du pays où l’on est ». Derrière elle, et derrière le masque d’une vague compromission, E. Tassin veut voir une leçon politique, tant pragmatique qu’éthique, en la replaçant dans l’héritage du personnage honni par Platon et loué bien sûr par Diderot : le personnage d’Aristide de Cyrène, que laissait indifférent le fait de porter un riche manteau ou des haillons, voire une robe de femme. C’est la politique de l’essayeur : ce que suggèrerait Diderot, c’est une cosmopolitique des décentrements, des écarts, une logique « paratactique d’une superposition d’identités qui se dénoncent les unes les autres et pourtant se requièrent », et qui n’est possible, dit Tassin, qu’en tant qu’effort de creuser « ces intervalles de soi à soi », et de « se singulariser en luttant contre les procédures d’identification, d’assignation, d’enrôlement ».
Et la réinscription dans une perspective politique du déracinement, afin d’en dévoiler donc aussi la positivité, se couple d’un examen très précis desconditions se trouvant associées dans « les trois situations de déterritorialisation » que sont les migrations, l’exil, et la diaspora : déracinement, assomption de soi, et extranéité, via une réflexion qui prend acte de manière radicale de la mutation des limites du dedans et du dehors de la communauté politique incluse par l’extrême mobilité contemporaine. C’est cette pensée de la condition migrante et de la cosmocitoyenneté qu’Etienne Tassin nous fera l’honneur de présenter et de discuter aux côtés d’Etienne Balibar, durant la Nuit de la Philosophie à Prague, et c’est depuis elle encore et bien sûr qu’il introduira le film de N. Klotz : La Blessure.
]]>Téléchargez le programme de la Nuit de la Philosophie à l’avance (ici) et constituez votre propre programme de la nuit selon vos intérêts. Vous avez le choix entre la philosophie politique, la bioéthique, la réflexion philosophique de l’art, les projections de film commentées, les sections sur « l’animal », « le pouvoir des images » ou bien « la fin de l’homme & la fin du monde ». Dans le programme, vous distinguerez facilement les sections thématiques selon les couleurs.
N° 2 : Profitez des deux sites de la Nuit !
La Nuit de la Philosophie a lieu au Palais Veletržní de la Galerie nationale de Prague et à la Faculté des Lettres de l’Université Charles, séparés par seulement 7 minutes de trajet en tram. Sans passer votre temps à faire des allers-retours, n’appréhendez pas les déplacements même après minuit : un tram direct sera assuré par les transports publics de Prague toutes les 15 minutes !
No 3 : En cas de doute, demandez !
N’hésitez pas à demander des renseignements à nos bénévoles, habillés dans des T-shirts spéciaux de la Nuit. Ils vous aideront à vous repérer sur les deux sites et vous conseilleront les manifestations les plus adaptées à vos intérêts.
No 4 : Pas de panique !
S’il ne reste plus de places libres dans une conférence ou un débat des invités vedettes de la Nuit, ne désespérez pas ! Toutes les demi-heures, une dizaine de manifestations commencent en parallèle, osez les explorer si certaines salles sont remplies au maximum de leur capacité. Nos bénévoles se feront un plaisir de vous indiquer les alternatives dans le riche programme de la Nuit.
No 5 : N’ayez pas peur de l’abréviation (FR/CZ) !
La Nuit de la Philosophie est un événement international et se tiendra donc en trois langues – le tchèque, le français et l’anglais. L’abréviation (FR/CZ) signifie que la conférence prononcée en français sera traduite simultanément en tchèque et qu’à l’inverse, les conférenciers tchèques seront traduits en français, de sorte que tout le monde puisse tout comprendre !
No 6 : Rendez votre casque !
À l’entrée du théâtre Studio Hrdinů (Palais Veletržní), dans Aula et la salle 200 (FF UK), soit vous recevrez un casque, soit un carton avec l’inscription « Entrée sans casque ». À votre sortie, vous rendrez le casque ou le carton aux bénévoles. Ceci est la manière la plus simple et rapide de vous distribuer les casques sans devoir vous demander votre signature, votre carte d’identité ou d’autres pièces justificatives.
No 7 : Restaurez-vous avant !
Sur les deux sites, des cafés seront ouverts pour permettre au public de se restaurer sur place (Café Jedna au Palais Veletržní et Bistro Máta à FF UK). Comme la Nuit accueillera de nombreux visiteurs, il faut prévoir néanmoins un certain temps d’attente dans les queues. Donc, ne laissez pas le petit creux vous gâcher les plaisirs de la réflexion sur les problèmes philosophiques, politiques, esthétiques ou éthiques. Mangez bien avant ou munissez-vous d’une collation !
No 8 : Restez avec nous jusqu’au petit matin !
Dans le programme, nous avons gardé certaines des meilleures conférences, projections de film commentées et débats passionnés pour après minuit. Le café va couler à flots, vous pourrez donc laisser l’inspiration venir à vous grâce à l’association entre l’image des philosophes comme des créatures nocturnes et une insomnie motivée par une réflexion sur les « questions ultimes » de l’homme. Quand on sonnera une heure du matin, vous serez récompensés par un toast de vin rouge offert par l’Institut français à 1h du matin !
]]>Quel rôle jouent les images dans la production, la documentation et la compréhension de la guerre ? Comment sommes-nous devenus habitués aux images de guerre, voire de la guerre, et dans quelle mesure cette familiarité forme-t-elle nos perceptions, y compris les aspects émotionnels de la préparation de la guerre, des reportages la concernant et du bilan qu’on en fait ?
Quelle est la technologie de la guerre aujourd’hui et comment a-t-elle émergé ? En ce temps d’itérations technologiques toujours plus sophistiquées, avons-nous perdu de vue le fil reliant la production et la destruction ? Si oui, dans quelle mesure la prépondérance des images a-t-elle créé notre myopie, saturé notre conception de l’altérité et influencé notre perception de ce qui est réel et de ce qui est virtuel ?
La méthode d’enquête sur les images d’Harun Farocki nous invite à poser ces questions, à nous asseoir à leurs côtés, pour ainsi dire, par la projection cinématographique. En sélectionnant des extraits de deux de ses films – War at a Distance et Serious Games – l’hommage de la Nuit de la philosophie à l’analyse emblématique des images de guerre par Farocki cherche justement à rouvrir ces questions.
Révélant le lien entre la guerre et les images, nous suivrons Farocki dans War at a Distance, en commençant par la Guerre du Golfe qui est, comme le soutient le film, la première guerre dans laquelle les activités de faire la guerre et de réaliser un reportage sur la guerre se sont confondues. Puis, en passant à des extraits de chacun des quatre épisodes constituant Serious Games, la discussion abordera l’ambig
uïté de l’image, la confiscation de l’affectivité dans la création de l’image, et la reproduction de la mémoire dans la production d’images.
Kristin
Gissberg
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Projetées à la Malá Dvorana et au Studio Hrdinů
- Derrida : en rentrant en train de Prague (1982), 19h30-19h37/23h00-23h07. Derrida explique son emprisonnement à la douane sur un faux prétexte à son retour de Prague.
- Permis d’espérer, permis de désespérer (1977), 19h38-19h58/23h08-23h28. Avec Michel Foucault, Maurice Clavel, Christian Jambet et André Glucksmann. A propos de l’éloignement des intellectuels français vis-à-vis du marxisme après les événements de 1956.
- Solidarité avec Solidarité (1982), 19h59-20h09/23h29-23h39. Avec Michel Foucault et Simone Signoret. A propos du syndicat polonais Solidarité.
- L’escalier de la cave, on le descend toujours (1961), 20h10-20h20/23h40-23h50. Avec Gaston Bachelard. Portrait de ce philosophe.
- Le dernier message de Jan Patočka (1977), 20h21-20h25/23h51-23h55. Avec Jan Patočka et Jiří Hájek. A propos de la répression contre les signataires de la Charte 77.

La Nuit de la philosophie est fière d’accueillir un débat exceptionnel entre le réalisateur Slávek Horák et le philosophe Jaromír Matějek autour du film Homecare, entrée tchèque pour les Oscars 2015.
La discussion portera sur l’éthique, le soin et la compassion.
Le débat sera précédé de la projection d’un extrait du film !
Quand : 23h15-0h15
Où : Faculté des Lettres, salle 300
Les recherches de Monika Rogowska-Stangret portent sur la philosophie, les études de genre et les études animales. Elle collabore avec l’Institut de philosophie de l’Université de Varsovie. Elle a reçu des bourses de la Fondation Kosciuszko, d’ERSTE Stiftung, de WUS Austria (dans le cadre du programme de conférences PATTERNS) et du ministère polonais de la Science et de l’Enseignement supérieur. Elle est membre du Comité de direction du réseau européen “New Materialism: Networking European Scholarship on ‘How Matter Comes to Matter’”, European Cooperation in Science and Technology (COST). Elle collabore à la revue “Przegląd Filozoficzno-Literacki”, a traduit “Quand la beauté fait mal” de Naomi Wolf (2014) and travaille avec, entre autres, Judith Butler, Elizabeth Grosz, et Susan Sontag. Elle est l’auteur de Ciało – poza Innością i Tożsamością. Trzy figury ciała w filozofii współczesnej” (2016, titre français : “Le Corps – au-delà de l’altérité et de l’identité. Trois figures du corps dans la philosophie contemporaine”).
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Une introduction au débat “Faut-il améliorer l’homme?” par Tomáš Hříbek (Filosofický ústav AV ČR)
Ces dernières années, de plus en plus de philosophes se penchent sur une série de questions suscitées par les nouvelles possibilités offertes par la biomédecine et la technologie. Jusqu’ici nous étions capables de soigner, avec plus ou moins de succès, les gens dont les capacités naturelles étaient altérées ou diminuées par la maladie ou le handicap. Mais il semble qu’une ère nouvelle s’ouvre dans laquelle nous pourrons vraiment soigner les gens, soit en renouvelant le fonctionnement naturel de leurs capacités, soit en leur permettant de faire des choses qui leur étaient interdites bien que naturelles à la majorité des êtres humains. La médecine contemporaine et d’autres sciences promettent une augmentation de l’espèce humaine, en cela qu’elles lui procureraient des aptitudes qu’aucun être humain n’avait eues jusqu’ici. Les manipulations génétiques, le clonage, les milliards de nanorobots circulant dans un organisme pour réparer ses dysfonctionnements, la fusion de l’homme avec l’intelligence artificielle – voilà qui paraît encore ressortir de la science-fiction. Et pourtant: nous pouvons déjà, au moins sur le principe, imaginer comment cela pourrait fonctionner. Mais surtout, leur mise à disposition pourrait à terme conduire à l’émergence d’êtres qui ne seraient plus tout à fait humains. Des êtres plus rapides, plus forts, incomparablement plus intelligents, dotés d’une longévité incommensurablement plus grande – et peut-être, à toutes fins utiles, immortels. Tel est le transhumanisme : à la fois un mouvement pragmatique et une philosophie qui revendiquent semblable amélioration de l’espèce humaine. Certains auteurs parlent même de post-humanisme, pour signifier que de tels êtres radicalement améliorés seraient tant en avance sur nous autres, ordinaires mortels, qu’ils ne feraient plus partie de notre espèce.
Augmentation, transhumanisme et post-humanisme sont sources de débats partout dans le monde. J’ai d’abord suivi ceux qui se déroulaient dans les pays anglophones avant que mon collègue Ondřej Švec ne m’avertisse de l’existence d’un débat parallèle mais aux enjeux quelque peu décalés en France. L’un des philosophes français à avoir travaillé sur ces questions, Jean-Michel Besnier – auteur du livre Demain les posthumains? (2009) – sera invité à la première Nuit de la Philosophie à Prague. Un autre auteur français qui a récemment publié un ouvrage sur le transhumanisme – La révolution transhumaniste (2015) – est Luc Ferry, que l’on connaît plutôt bien en République tchèque. Je suis devenu curieux de comprendre les différences entre les débats francophones et anglophones.
Pour ce qui est de la littérature anglophone sur le sujet – dont je recommande en particulier l’anthologie Human Enhancement (2009) – on s’attend d’ordinaire à des distinctions et des définitions plus ou moins précises. Quelle est la différence entre thérapie et amélioration ? Quels sont les différents types d’augmentation possibles – physique, intellectuel, moral ? L’amélioration de l’homme est elle moralement permise, sinon obligatoire ? Et qu’y a-t-il de problématique dans l’augmentation de l’homme ? Bien des auteurs anglophones estiment que l’augmentation est pour le moins moralement admissible et désirable. Au contraire, un regard sommaire aux livres sus-mentionnés de Besnier et Ferry révèle que ces auteurs ne s’occupent pas tant de fournir une analyse conceptuelle précise que d’offrir une spéculation plus ample sur l’avenir distant de l’humanité et l’essence de l’espèce humaine. Besnier s’interroge sur la phase ultime que le transhumanisme représenterait dans le décentrement de l’homme, soit dans la perte de son illusion sur son importance dans l’univers. Un processus qui remonte à Copernic qui avait chassé la Terre du centre de l’univers, s’était poursuivi avec Darwin qui suggérait que l’homme n’était pas le sommet de la Création, avant d’aboutir à Freud qui avait montré que les motivations derrière nos actions nous étaient étrangers : le transhumanisme en serait l’acmé, dans la mesure où il déferait et éliminerait pour de bon l’être humain. Il semble que tant Besnier que Ferry soient, contrairement aux auteurs anglo-saxons, bien plus sceptiques quant aux conséquences politiques de l’augmentation. Ferry ne cache pas pour sa part sa crainte qu’elle ne conduise, dans un monde néo-libéral, à de nouvelles inégalités et à une fragmentation accrue de la société.
Nous pouvons en tout cas être reconnaissants aux organisateurs de la Nuit de la Philosophie de faire venir à Prague l’un des penseurs français du transhumanisme les plus reconnus, afin qu’il partage avec nous ses pensées sur ces sujets brûlants.
Tomáš Hříbek (Filosofický ústav AV ČR)
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Kristin Gissberg est une chercheuse indépendante résidant à Berlin, spécialisée dans l’étude d’Hegel, du genre, de la pensée féministe et de la philosophie du XXème siècle. Après un séjour de deux ans avec Erasmus Mundus Europhilosophie, elle a terminé son doctorat de philosophie à l’université de Memphis. Elle se passionne pour les questions de temps et de temporalité, ainsi que d’art, de cinéma, de musique, et de leur conservation.
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Pierre Huyghe, (Untitled) Human Mask (Film still), 2014
Film, couleur, stereo, son, 2:66
Durée : 19 minutes
Photo crédit : l’artiste, Hauser & Wirth, London et Anna Lena Films, Paris
L’œuvre de Pierre Huygue sera exceptionnellement projetée pendant la Nuit et introduite à deux reprises pendant la Nuit par Adam Budak. Retrouvez-le au Moving Image Department du Veletržní palác à 21h30 ou à 23h45 !
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Créées en 2010, les douze Têtes du Zodiaque en bronze ont été d’emblée pensées comme une série de sculptures publiques. Ai Weiwei les a exposées d’abord autour de la Pulitzer Fountain dans Central Park à New York, et depuis l’une des séries fait le tour du monde. L’autre a été généreusement prêtée par l’artiste à la Galerie nationale de Prague et constitue la première œuvre d’Ai Weiwei jamais présentée en République tchèque. Une installation monumentale pour le Grand Hall du Palais Veletržní sera exposée l’an prochain. En travaillant sur les Têtes du Zodiaque, l’artiste désirait, d’après ses propres termes, produire une installation mêlant humour et naturel à même de réveiller les grisailles sérieuses de la ville américaine, avec sa dimension ludique et sa conception directe. Cependant l’œuvre ne se sépare pas d’un contexte historique spécifique. Les têtes sont des reproductions exactes de statues jadis cernant une fontaine du Vieux Palais d’Été à Beijing. Le lieu avait été conçu par des missionnaires jésuites mandés par les empereurs de la dernière dynastie Qing (1644-1911) de la Chine impériale. Le parc et son architecture furent toutefois détruits en 1860 lors des pillages qui suivirent la deuxième Guerre de l’opium. Bien des têtes furent passées en contrebande hors de Chine et finirent dans diverses collections à travers le monde.

Ces dernières décennies, elles ne cessaient de ressurgir sur le marché et des mécènes patriotiques ont essayé de les rendre à la Chine sous la forme de donations ou d’achats. En copiant à l’identique cette œuvre et en l’exposant dans l’espace public américain, Ai Weiwei touche au problème complexe de la quête d’histoire et d’identité propres dans un monde multiculturel, qu’il s’agisse d’il y a quelques centaines d’années ou du monde d’aujourd’hui.
Les Têtes du Zodiaque seront présentées par Michaela Pejčochová, curatrice des collections chinoises de la Galerie nationale de Prague.
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Acting:
Vojtěch Vondráček (Theatre Faculty of the Academy of Performing Arts)
Petr Koťátko (Institute of Philosophy of the Czech Academy of Sciences)
N (= Narrator) in an ordinary dress freely walks about the stage; C (= pretend Casanova) is in bed, preferably in pyjamas or a nightdress, embellished with some accessory from a Rococo cavalier’s wardrobe; with the exception of N’s introduction, both read their part aloud from the diary of the pretend Casanova.
N: (enters holding the diary) The following words were penned by a person in circumstances normally described as “desperate”, in a state captured precisely by this diary and, for the sake of greater visual impact, by this mannequin. (approaches the lying C) Yet let us leave in rest this body; as you’ll agree, one can hardly demand more than that it manages to hold together until our exposé is done. Our honorable countryman Franz Kafka has once noted in his diary: “The trouble stems from our incapacity to blend with the multifariousness of the world.” This person here had to face quite the opposite problem, namely, to stop his own melting and pervading the world, suppress his inordinate empathy, shape his recollections in spite of his memory, traitorous not due to its ineffectiveness but rather to its creativity, chaotic and unbridled so much that it was beyond him to even write his autobiography. The trouble was meant to be resolved by a doubtful experiment to which this diary testifies: by an attempt to appropriate the memoirs of someone else – to subject his own memory to the Histoire de ma vie of abbé Giacomo Casanova de Seingalt. The attempt, as we shall see, did not achieve the intended end, one cause of the failure being this very body, whose state then, after all, cannot be left completely to one side. The author comments this by saying: (as N intends to read out from the diary, he is interrupted by C, who – to the surprise of all present – suddenly comes to life)
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C: These memoirs shall not start with ramblings against memories. No attacks at my memory please! That I will not stand for.
N: I want to allow the past free flow.
C: Shake in front of me as it might, it can always rest assured of my consent and acquiescence; all will stay as it allegedly was; just as it appears right now, so it will remain until the general confusion of judgement day. All will mix and redistribute then, in a way impossible to predict now, but surely to my own profit.
N: My memory, however, does not work to my own profit.
C: Now that my sycophancy has attained its limit, I will give my complaints free pass. My memory, apparently, produces its fruits somewhere under an alien arch, and by saying that I mean that right now it shows off at my cost in another, just as servile head, adding ribald details, pathetically exaggerating. I do no complain about that, for this is the better part.
N: Let us move to the worse one. In lieu of my own memories I am being harrassed by a stranger‘s ones, clearly encouraged by my sensitivity. At first they do so as so-called imaginations and dreams, but in the very next moment they, with cheeky obviousness, appeal to my memory which, to be sure, is immediately ready for anything, and of course also to my feeling of guilt, which cannot deny anything at all.
C: Dogs abandoned by their masters come to me to recite their litanies, raising to me their eyes wet with reproaches – to me, who has never ever driven an animal away, pigeons and pestilent insects excepted. Beasts of slaughter pass round my bed and show me the instruments of their martyrs‘ deaths like some Catholic saints – me, who has suffered from insistent anorexy even long before the accident!
N: The question is, how could they have made such a blunder, especially the dogs with that excellent sense of smell of theirs?
C: The simple fact is, memories of strangers mob in my head, whereas my own memory excels somewhere else. It seems all scruples are down, promiscuity bare of all rules has taken rein. Indeed, these days even old photographs are proof of whatever you want. Neuroses, stomach ulcers, just the same. Tumescences, inflammations, cicatrices, fractures. Haemorhoids – of course. Baggy, puffy eyes, wrinkles. My whole so-called present state could make for an excellent period at the end of any memoir whatsoever.
N: Which must be the starting point. Build the composition of the memoirs upon this.
C: Assemble as many real data as possible on one huge heap until they start to multiply by self-generation, and it shall all turn into someone‘s memoirs. Remember quick before rival pretendents come up, and – this with emphasis – remember decisively and yet spontaneously, so that what others would drum up as the main thing, I will simply remark en passant; all weight must lay upon details – this is what makes for verisimilitude and the charm of memoirs. Excellent. Agreed. But let us relax. (waiting for Casanova’s reminiscences to arrive)
N: (hinting) I remember how once in the middle of the carnival…
Adam Budak est le directeur des collections de la Galerie nationale de Prague. Ancien commissaire international pour l’art contemporain au Hirshhorn Museum and Sculpture Garden (2012-14) à Washington, il a travaillé avec de grands artistes comme Louise Bourgeois, John Baldessari, Pedro Cabrita Reis, Cerith Wyn Evans ou encore Monika Sosnowska, et été en charge d’un grand nombre d’expositions internationales. Adam Budak est l’auteur et l’éditeur de nombreuses publications, dont une anthologie en deux volumes de textes sur “Qu’est-ce que l’architecture ?” (Cracovie, 2002, 2007).
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Anne Gléonec est docteur et professeur agrégée de philosophie. Après avoir enseigné pendant cinq ans en France, elle a poursuivi ses activités de recherche et d’enseignement à Prague au CEFRES, à la Faculté des Humanités de l’Université Charles, et à l’Institut de philosophie de l’Académie des sciences de République tchèque. Elle s’est consacrée dans sa thèse à l’analogie entre le corps et le corps politique, et écrit un livre sur les conceptions de Merleau-Ponty sur Institution et Passivité, avant de concentrer sa recherche sur les liens et les transferts les plus contemporains entre sciences naturelles et sociales, en particulier dans les champs de la biopolitique et de la bioéthique.
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Professeur émérite à l’Université Paris Ouest Nanterre et à l’Université de Californie, Irvine, Étienne Balibar est une figure prominente de la philosophie contemporaine . Ses travaux portent principalement sur la philosophie politique (ainsi dans La proposition de l’égaliberté en 2012). Ancien élève de Louis Althusser, il participe avec lui et aux côtés de Roger Establet, Pierre Macherey et Jacques Rancière, à l’ouvrage Lire Le Capital, publié en 1965. Exclu en mars 1981 du parti communiste français après avoir dénoncé dans la presse le racisme présent dans le parti, il est membre de la Ligue des droits de l’homme et s’est engagé en faveur de l’acquisition de droits pour les migrants et les demandeurs d’asile « sans-papiers ». Depuis 2007, il préside l’Association Jan Hus France, fondée en 1982 par Jacques Derrida. Son dernier livre s’intéresse à l’Europe (Europe : crise et fin ? en 2016).
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