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Les inscriptions sont finalement gratuites. Il est donc encore temps de s’inscrire : colloque-informa@mailo.com
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Jeudi 26 novembre 2020 – Maison de la Recherche Germaine Tillion
9h : accueil café
9h30 : Ouverture du colloque
- Manuella Roupnel-Fuentes (responsable du programme INFORMA – MCF en sociologie, ESO université d’Angers)
- Discours institutionnels (représentant de la Région Pays de la Loire, SFR Confluences et directeur ESO)
10h15 : Séance 1 « Les enjeux politiques et économiques de la formation »
Discutant : Richard Gaillard (MCF HDR en sociologie, ESO université d’Angers)
- Vidmantas Tutlys (Professeur en éducation, université de Kaunas) : « La formation professionnelle en Lituanie. D’un système étatisé à sa libéralisation »
- Vincent Troger (MCF en sciences de l’éducation, CREN université de Nantes) : « Une histoire des politiques de formation en France »
- Pascal Caillaud (CR CNRS, DCS université de Nantes) : « Initiative et injonction juridiques à se former après la loi sur la liberté de choisir son avenir professionnel »
- Dominique Glaymann (Professeur de sociologie, CPN université d’Évry) : « La professionnalisation des formations universitaires. Une injonction à l’insertion »
14h30 : Séance 2 « La formation, inégale ? »
Discutant : Lionel Guillemot (MCF en géographie – ESO université d’Angers)
- Pierre-Jean Messe (MCF HDR en économie, GAINS université du Maine) : « Les effets de la formation des seniors sur leurs trajectoires professionnelles. Données longitudinales de l’enquête DEFIS »
- Hassen Slimani (MCF en sociologie, CENS université de Nantes) et Chloé Langeard (MCF en sociologie, GRANEM université d’Angers) : « La formation et l’emploi fractionné : un terrain complexe à appréhender »
- Manuella Roupnel (MCF en sociologie, ESO université d’Angers) : « Quand la formation vise l’insertion. Une double injonction pour les chômeurs de longue durée »
- Pierre Doray (? Sous réserve de possibilité) (professeur en sociologie, UQAM) : sur les inégalités dans les formations universitaires (à préciser)
- Emmanuel de Lescure (MCF en sociologie Université Paris Descartes) et Muriel Letrait (Ingénieure d’études au CERLIS) : « Le non-recours à la formation » (titre à préciser)
17h : projection-débat autour du film documentaire réalisé par Stéphane Lhommedé dans le cadre du programme INFORMA : « Le pari de la formation. La remobilisation vers l’emploi après l’inaptitude professionnelle ou le chômage de longue durée ».
Vendredi 27 novembre 2020 – Maison de la Recherche Germaine Tillion
9h : accueil café
9h30 : Séance 3 : « La formation professionnelle : pratiques et modèles »
Discutante : Manuella Roupnel (MCF en sociologie, ESO université d’Angers)
- Joanne Walker (Docteure en sociologie, CENS université de Nantes) : « Une comparaison des modèles de formation linguistique à destination des migrants en France et en Angleterre »
- Fabienne Maillard (Professeur de sciences en l’éducation, CIRCEFT-ESCOL université Paris 8) : « L’affichage professionnel des masters : des compétences peu déterminées au service de grands objectifs »
- Pauline David (Doctorante en sciences de l’éducation, CREN université de Nantes) et Pierre-Yves Bernard (MCF en sciences de l’éducation, CREN université de Nantes) : « Les écoles de production face aux publics en difficultés. Un système de formation renouvelé ? »
11h15 : Séance 4 « Formation et transformations du travail »
Discutant : André Ndobo (Professeur de psychologie sociale, LPPL université de Nantes)
- Pablo L. Calle (Professeur de sociologie, université de Madrid) et Flor C. Checa : « La formation, un enjeu dans la transformation de l’industrie espagnole » (doctorante en sociologie, université de Madrid)
- François Sarfati (Professeur de sociologie, CPN université Paris-Saclay) : titre non communiqué
- Laetitia Pihel (MCF en gestion, LEMNA université de Nantes), Amaury Grimand (Professeur de gestion, LEMNA université de Nantes) et Manuella Roupnel (MCF en sociologie, ESO université d’angers) : « Se reconvertir par la formation. Le cas des postiers devenant webmasters par le dispositif Simplon-La Poste »
14h30 : Séance 5 « La formation entre normalisation et émancipation »
Discutant : Gérald Houdeville (MCF en sociologie, CENS Université catholique de l’ouest)
- Simon Heichette (Docteur en sociologie, ESO université d’Angers) : « La formation des cadres du social, une injonction à devenir manager ? »
- Emmanuel Quenson (Professeur de sociologie, CPN université d’Évry) : « Émancipation, « collectivisation », activation : une mise en perspective de la formation »
- Ewan Oiry (Professeur en gestion, UQAM) : « Employabilité, compétences et formation professionnelle : retour sur un rendez-vous manqué »
- Marc Zune (Professeur de sociologie, université catholique de Louvain) : « Saisir l’expérience de la formation professionnelle pour les demandeurs d’emploi en contexte d’activation »
16h30 : intervention finale de Didier Demazière (DR CNRS, CSO Sciences Po Paris) : « Réflexions sur l’injonction à se former ».
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Colloque international INFORMA
“L’Injonction à se former. Regards croisés sur les transformations des systèmes de formation” Les jeudi 26 et vendredi 27 novembre 2020 – Maison de la Recherche Germaine Tillion, campus universitaire de Belle-beille, Angers
Modalités d’inscription : Entrée sur inscription. Adresser un mail à : colloque-informa@mailo.com – La gratuité de cet évènement est garantie jusqu’au 15 octobre 2020.
Horaires de l’évènement : jeudi 26/11 : 09h30 – 18h30 – vendredi 27/11 : 09h30 – 17h00. Accueil – café dès 9h
Adresse : Maison de la Recherche Germaine Tillion. Campus de Belle-beille. 5bis boulevard Lavoisier, 49000 Angers
Cet évènement vise à rendre compte des travaux menés par les chercheurs ligériens (ESO-Angers, GRANEM, CENS, CREN, DCS, GAINS, LPPL) impliqués au sein du programme INFORMA (Pour « l’Injonction à se FORMer et à s’Adapter »). Ces derniers ont pris pour objet la formation, afin d’interroger son caractère injonctif, dans un contexte qui en a fait un outil privilégié dans la lutte contre le chômage et l’instabilité des parcours professionnels. Le colloque sera l’occasion d’éprouver cette notion d’« injonction à se former », en croisant les recherches pluridisciplinaires menées dans le cadre du programme INFORMA avec des analyses réalisées par des spécialistes français et étrangers (Espagne, Lituanie, Roumanie, Québec, Suisse) de la formation, dans des contextes locaux et nationaux contrastés.
Argumentaire du colloque
En France, face au problème du chômage et aux difficultés majorées des moins diplômés pour accéder à l’emploi, l’injonction à trouver une relation directe entre formation et emploi s’avère particulièrement forte (Tanguy, 1986). La formation, qu’elle soit initiale ou continue, apparait de plus en plus investie d’une mission d’insertion sociale et professionnelle ou d’adaptation des salariés aux transformations de l’appareil de production. Les multiples réformes qu’a connu, notamment, le champ de la formation continue, ont par exemple refaçonné cette dernière dans une logique d’individualisation, voire de personnalisation, afin d’en faire un moyen privilégié de l’accès à l’emploi et de son maintien. Pour d’autres fractions du salariat, il s’agit plutôt de sécuriser des parcours professionnels, dans un contexte politique et économique qui tend vers la flexibilisation du « marché du travail ». Tandis qu’elle fut érigée en France, à la fin des années des 1950, autant comme une mesure de justice sociale que comme un levier pour la croissance économique (Dubar, 2015), la formation semble ainsi s’imposer aujourd’hui comme une injonction au nom de la lutte contre le chômage et l’insécurité sociale et/ou professionnelle.
Si cette notion d’« injonction » ne constitue pas à l’heure actuelle un concept sociologique, elle se rapporte, à tout le moins juridiquement, à un ordre de faire ou de s’abstenir de faire quelque chose, émis par une autorité, à l’endroit d’un tiers qui le reçoit et qui doit s’exécuter, au risque de voir s’infliger une sanction. Du côté de la psychologie, l’usage de ce terme renvoie à l’expérience vécue d’un ordre adressé, d’une manière explicite ou non, à un individu ou à un groupe d’individus, et dont le message peut éventuellement porter des affirmations contradictoires ou incompatibles entre elles. Cette double entrée analytique (qui positionne d’emblée la question de la formation soit à l’extérieur, soit à l’intérieur de l’individu), peut hypothétiquement être complétée par la caractérisation d’un type de rapport social spécifique, permettant d’articuler une approche compréhensive des usages de la formation à ses déterminants sociaux et politiques. De ce point de vue, le reformatage de la formation comme condition essentielle de l’accès à l’emploi ou de la conservation d’une place dans le monde du travail, ne consiste-il pas à reporter sur chaque individu, la responsabilité de son insertion professionnelle et de la sécurisation de son parcours ? En somme, l’injonction à se former semble reproduire l’édification de cette figure idéale d’un travailleur « mobile, flexible, autonome et proactif, capable d’anticiper les évolutions du marché du travail » (Maillard, 2015), bien loin de la réalité sociologique des individus.
Ce postulat invite à s’interroger dans une double direction, que les organisateurs de ce colloque envisagent de développer. D’une part, il s’agit de pouvoir tester la pertinence de cette notion d’« injonction » pour caractériser les évolutions des dispositifs de formation professionnelle, tant du point de vue des politiques qui les encadrent, qu’au niveau des formes concrètes à travers lesquelles elle se matérialise, en allant jusqu’aux expériences vécues des intéressé·e·s. Autrement dit, quelles sont les formes et les modalités concrètes (et singulières) que revêt cette injonction aujourd’hui, ainsi que ses formes d’appropriation ? D’autre part, il s’agit de soutenir cette perspective dans une logique de comparaisons internationales des différents systèmes de formation. Ici, il est question de voir si les discours et les politiques de l’emploi qui se déploient ailleurs dans le monde (en Europe et au-delà) sont similaires ou comparables à ceux qui se sont imposés en France depuis maintenant plus d’une quinzaine d’années. De même, est-ce que cette injonction à la formation se répercute dans les relations de travail et dans les processus d’insertion professionnelle, dans des contextes socio-économiques différents ? Enfin, comment ceux et celles à qui elle s’adresse, qu’ils/elles soient actifs/ves occupé.e.s ou au chômage, la reçoivent et en font l’expérience, dans des univers sociaux où les protections sociales n’ont pas nécessairement la même histoire qu’en France et dont les formes peuvent fortement varier ?
Ce double objectif, d’affiner cette notion d’« injonction à se former » et de tester sa pertinence à partir de comparaisons internationales, sera décliné dans cinq ateliers :
1) Les enjeux politiques et économiques de la formation
2) La formation, inégale ?
3) La formation : pratiques et modèles
4) Formation et transformations du travail
5) La formation, entre émancipation et normalisation
Chaque atelier regroupera au moins une communication d’un·e chercheur·e impliqué directement dans INFORMA, une communication d’un·e spécialiste français·e de la formation et une communication internationale.
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La formation professionnelle, une nouvelle chance ?
Le programme de recherche Informa (INjonction à se FORmer et à s’Adapter) a été lancé en 2017 pour une durée de trois ans, avec le soutien financier de la Région Pays de la Loire. Le programme mobilise des enseignants-chercheurs ligériens dans le but d’analyser la formation continue et son accès. Le groupe de recherche met en place des Matinales INFORMA qui permettent le croisement des regards des multiples acteurs de la formation et ainsi d’établir un échange constructif. La dernière en date s’est déroulée le 21 mai à La Maison de la Recherche Germaine Tillion à Angers.
Lors de cet événement, trois thématiques liées à la formation ont été explorées :
- L’injonction à la formation citoyenne, dans le cadre du service civique ;
- La formation professionnelle chez les seniors actifs ;
- La formation au français pour les personnes ayant connu un parcours migratoire.
Faire un service civique. Le sens de l’injonction à se former comme citoyen chez les décrocheurs scolaires.
Gérard Houdeville a ouvert cette matinale en prenant pour objet le service civique tel qu’il existe depuis 2010 sous la forme d’un dispositif national dit d’encouragement à l’engagement pour la citoyenneté et au soutien à celle-ci.
Suivant l’objectif officiel principal du service civique : « tout jeunes doit pouvoir vivre l’expérience du vivre ensemble, de l’intérêt général et la citoyenneté ». C’est un objectif d’universalité dans le sens où celui-ci doit être accessible à tous. Il s’agit de permettre aux volontaires de contribuer à une société plus durable, inclusive et humaine. Le service civique permet de former les volontaires citoyens, d’aujourd’hui et de demain, à des valeurs considérées comme essentielles pour la cohésion nationale. L’injonction à se former comme citoyen apparaît alors comme le principal enjeu de ce dispositif. Porté par une association (généralement), le projet personnel construit par « le jeune » se doit ainsi d’être un projet d’engagement.
Gérald Houdeville s’est interrogé sur l’appropriation de cet engagement citoyen : quels rapports les jeunes entretiennent-ils avec leur service civique ?
Les modalités du service civique dépendent de la situation des destinataires de ce dispositif il ne sera pas le même pour un étudiant de master 2 que pour une personne ayant connu un décrochage scolaire. Il s’agit donc de comprendre les différents types de rapports possibles au dispositif en fonction des ressources et expériences antérieures des jeunes auxquels il s’adresse.
Gérald Houdeville montre que les jeunes les plus démunis et précarisés s’approprient ce dispositif comme un moyen, une promesse d’accrocher le marché du travail. Par ailleurs, plus les jeunes ont un niveau scolaire élevé, plus ils sont en situation de mettre à distance l’urgence de l’emploi et vont prendre le service civique comme une pause pour réfléchir à ce qu’ils vont faire par la suite. Il existe donc une diversité des appropriations du dispositif. Les usages s’écartent en général assez largement de l’appel à l’engagement citoyen. Les jeunes engagés en service civique trouvent surtout dans cette expérience un moyen de préparer leur entrée sur le marché du travail ; en fonction de leurs ressources, il s’agit soit de trouver et de connaitre une expérience quasi professionnelle pour accrocher le marché du travail, soit de trouver dans le service civique un moyen privilégié pour construire son avenir ou faire une pause dans les études avant de s’engager dans une nouvelle orientation.
La Formation Professionnelle Continue : une solution pour l’emploi des actifs seniors ?
Les personnes actives de 50 ans sont confrontées à des freins sur le marché de l’emploi. Leurs opportunités d’accès et de maintien de l’emploi sont moindres quant à la moyenne des actifs (risque de licenciement, accès plus difficile à l’emploi, chômage de longue durée). Par ailleurs, les seniors font l’objet de représentations sociales stigmatisantes en emploi (manque d’adaptabilité, productivité réduite, surcoût de rémunération, inadaptation au numérique, santé déclinante…).
Dans un contexte où les mesures favorisant le maintien en emploi des seniors évoluent (allongement de la durée d’activité, raréfaction des dispositifs de préretraites, suppression de la dispense de recherche d’emploi ou de revenus à destination des chômeurs âgés), la formation professionnelle continue (FPC) est-elle/peut-elle constituer un levier efficace pour sécuriser les fins de parcours professionnels des seniors ?
Les intervenant.e.s de la table ronde ont mis en exergue les difficultés des seniors à se projeter dans les formations proposées. Leurs conceptions de la formation, semble-t-il, ne favorisent guère le recours à celles-ci. Aux freins « psychologiques », s’ajoutent des contraintes physiques, c’est pourquoi il est nécessaire d’aborder la formation comme un moyen de redonner confiance en valorisant les compétences et les aptitudes. Elle doit répondre aux besoins des entreprises et tenir compte de la réalité du marché de l’emploi, nous disent les différents intervenant.e.s. Il reste qu’il s’avère nécessaire, désormais, de penser à observer sous quelles conditions sociales les seniors pourraient-ils se projeter « avec confiance » dans des cursus de formation, et y trouver des conditions favorables à la valorisation de leurs compétences.
Les intervenants soulignent la nécessité de former les seniors en analysant le besoin de formation vis-à-vis des besoins de l’entreprise. Outre les enjeux d’information, il est primordial que les seniors aient accès à l’information et connaissent les dispositifs contribuant à leur réinsertion (Action de formation préalable au recrutement -AFPR-, parcours TPME, Préparation opérationnelle à l’emploi individuelle -POEI-…). Il demeure nécessaire de s’interroger sur la compatibilité des exigences des entreprises (logique de compétences…) et l’intérêt des salarié.e.s (reconnaissance d’une qualification, pas d’intérêt pour la formation tandis que la carrière est déjà avancée…). Qu’ont les seniors à gagner, dans une démarche de formation ?
Les intervenants observent enfin la nécessité de mettre en place des moyens pour accueillir les seniors et ainsi contribuer à cette démarcher de réinsertion (encadrants dans le cadre d’une Période de mise en situation en milieu professionnel -PMSMP- par exemple). Ainsi, les seniors pourront davantage être attirés vers la formation. Les questions de l’adaptation des formations aux habitudes professionnelles (apprentissage par le terrain plutôt que par un savoir académique, par exemple) restent entières. Pour être attrayantes, les formations gagneront à s’adapter aux publics concernés.
La formation professionnelle continue : une opportunité pour les publics migrants ?
Avec l’introduction du contrat d’intégration républicaine (CIR) en 2016, tout étranger non européen admis au séjour en France souhaitant s’y installer durablement, ayant un niveau de français estimé comme inférieur au niveau débutant A1 (sauf exceptions), a pour obligation de suivre des cours de français. Cet élément démontre combien en France, comme dans d’autres pays européens, l’apprentissage de la langue nationale est positionné comme une étape essentielle, voire nécessaire pour l’intégration sociale, économique et citoyenne des publics migrants. Si la durée et le « niveau d’exigence » du dispositif CIR et d’autres dispositifs nationaux ou territoriaux de formation linguistique, ainsi que l’éligibilité de différents publics migrants (« primo-arrivants/ accédants », demandeurs d’asile, citoyens européens…) font l’objet d’un débat dans la sphère politique, les effets de la formation linguistique sur les parcours des publics concernés sont encore largement méconnus. Qu’en est-il du côté des personnes migrantes ? Comment cette formation au français est-elle perçue ?
L’ensemble des intervenant.e.s soulignent combien la question de l’emploi représente pour les personnes migrantes un objectif essentiel. De ce fait, la maîtrise de la langue est primordiale et nécessaire pour leur insertion professionnelle et sociale. Bien que cet apprentissage soit contraignant, c’est une des seules solutions pour eux d’accéder à l’emploi. Il existe des dispositifs qui permettent de les accompagner dans cet apprentissage. L’association « La petite école » définit sa mission comme étant de permettre aux migrants d’acquérir un « kit de survie » de la langue française, pour ensuite faciliter leur insertion professionnelle et sociale.
Pour les migrants, la formation est donc une passerelle nécessaire pour accéder à l’emploi, cependant, elle doit avoir un lien concret avec le monde de l’entreprise pour pouvoir donner du sens aux personnes concernées. Ce lien concret se matérialise sous la forme d’alternance, d’apprentissage, ce qui permet par la suite aux migrants de sécuriser son emploi ou tout simplement de s’insérer. La formation doit également accompagner ces personnes qui pour la plupart sont en situation précaire. Un accompagnement dans la recherche de logement par exemple ou encore avec l’apprentissage des codes sociaux. La formation au français est donc un support, mais qui sert pour l’ensemble de modalités de l’intégration sociale.
Des dispositifs mettent en place des parcours de formation intégrés à des métiers présentant des difficultés de recrutement : formation qui associe l’apprentissage d’un métier à l’apprentissage du français dans un accompagnement global. En effet, les dispositifs comme : Hébergement, orientation, parcours vers l’emploi (Hope), Une voix-e vers l’emploi ou les formations de Pôle emploi, ont des programmes de formation avec hébergement, restauration, construction du projet professionnel.
En France, la reconnaissance des diplômes étrangers est difficile et lorsqu’elle existe, elle ne permet pas toujours une insertion professionnelle. Cette reconnaissance permet simplement aux migrants d’obtenir une équivalence de niveau pour ensuite pouvoir reprendre les études. Par ailleurs, l’offre de formation n’est que trop peu visible et lisible aux yeux des personnes concernées. Considérée comme trop complexe, elle représente un réel frein à l’emploi, selon les intervenant.e.s.
Le colloque final qui aura lieu en début d’année 2020 clôturera le programme de recherche Informa. Ce sera l’occasion de présenter au grand public les résultats des enquêtes scientifiques menées, de discuter les hypothèses et constats émis par les participants aux Matinales. Un colloque qui s’articulera autour d’une dimension internationale avec des intervenants de plusieurs pays : l’Espagne, l’Angleterre, l’Allemagne, la Suisse, le Québec. Cette diversité de chercheurs permettra de comparer la situation française quant à la formation professionnelle continue par rapport à d’autres pays.
En savoir plus :
- Accéder au site d’Informa : https://informa.hypotheses.org/

Si la formation continue fait l’objet d’un large consensus, elle tend aussi de plus en plus à prendre le caractère d’une obligation sociale. C’est cette injonction que le projet INFORMA ambitionne d’étudier en analysant les discours qui justifient la nécessité de se former. Dans un contexte de mise en place du « Compte personnel de formation », cette recherche pluridisciplinaire se donne aussi comme objectif de saisir la manière dont les acteurs s’approprient ou rejettent cette injonction à se former. Dépassant les constats du caractère inégalitaire de l’accès à la formation professionnelle, le projet INFORMA vise, dans une approche compréhensive, à mettre en lumière les déterminants qui en ouvrent ou en ferment l’accès. Pour cela, sont étudiées diverses populations, peu ou pas investiguées du point de vue de leur rapport à la formation professionnelle (chômeurs de longue durée, décrocheurs scolaires, salariés en emploi fractionné, salariés en situation d’inaptitude professionnelle, travailleurs en recherche de promotion sociale), afin de soutenir l’hypothèse d’une injonction à se former de plus en plus en prégnante dans le monde du travail contemporain, quoique formulée et reçue de façon différenciée en fonction des populations concernées.
D’un point de vue méthodologique, ce projet de recherche repose sur la complémentarité des approches qualitatives et quantitatives (Dietrich, Loison, Roupnel, 2010). Les résultats obtenus par les observations in situ et les entretiens approfondis auprès des publics spécifiques, auxquels les membres du consortium consacrent leur recherche, ont vocation à pouvoir être croisés, dans une perspective comparative (Schnapper, 2007). Par sone approche pluridisciplinaire, le projet INFORMA se propose d’interroger le rapport à la formation sous un angle novateur, c’est-à-dire en l’abordant du point de vue des personnes qui ne se forment pas. Qui sont celles et ceux qui n’ont pas accès à la formation professionnelle alors même que celle-ci est considérée comme un moyen nécessaire pour faire face au chômage et de se maintenir et progresser dans l’emploi ? Qu’est-ce que se former signifie pour les populations considérées comme les plus fragilisées sur le marché du travail ou engagées dans des contrats d’emplois atypiques ? Pour cela, il convient de dépasser les constats répétés des multiples inégalités d’accès à la formation (Dubar, 2004 ; Méhaut, 2003 ; Merle, 2004 ; Fournier, 2006 ; Zamora, 2006, Frétigné, De Lescure, 2007 ; Ferracci, 2013 ; Santelmann, 2006) pour privilégier une approche compréhensive du phénomène qui, mises à part les enquêtes qualitatives menées auprès des travailleurs précaires (Perrez, 2009), fait jusqu’à présent défaut.
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Tout d’abord, le sujet de la formation est très souvent étudié dans une approche quantitative visant notamment à identifier des parcours de formation à partir de données chiffrées issues d’enquêtes statistiques (Boudesseul, Grelet, Vivent, 2012). Aborder la formation professionnelle continue dans une approche qualitative, en faisant parler les personnes (plutôt que les statistiques) au sujet de l’expérience que constitue, pour elles, la formation, ainsi que les représentations et attentes qu’elles y placent, répond à la volonté des chercheurs d’INFORMA de s’intéresser aux processus de significations et de catégorisation (Dubar, Demazière, 1997) des personnes engagées dans l’acte de se former. Il s’agit de connaitre les motivations, le rapport à l’offre de formation (« C’est pas pour nous… » ou « Moi je veux faire de l’alternance »), les conceptions de la formation au regard du rapport au savoir, ainsi que ses effets attendus, en l’abordant du point de vue des personnes qui se forment.
Deuxièmement, l’originalité d’INFORMA est de venir interroger ceux et celles qui ne se forment pas. Alors qu’il est habituel d’étudier les logiques des acteurs à travers leurs représentations et leurs comportements en les interrogeant directement au sein même des dispositifs, « l’appétence » à se former sera interrogée du point de vue de ceux et celles qui n’y ont pas accès. Qui sont celles et ceux qui sont les moins réceptifs à l’injonction à l’adaptation professionnelle par le biais de la formation ? Quels sont les déterminants qui entrent en jeu dans le « refus » de se former ? Pour cela, le projet INFORMA se veut d’éclairer le rapport subjectif à la formation continue et les contraintes sociales, professionnelles ou géographiques qui, le cas échéant, empêchent d’y avoir accès.
La troisième innovation du projet INFORMA est d’interroger le rapport à la formation de publics considérés comme fragilisés sur le marché du travail ou peu étudiés jusqu’alors. Qu’est-ce que se former signifie pour les populations perçues comme vulnérables sur le marché du travail ou engagées dans des contrats d’emplois atypiques ? Les publics visés par les politiques de formation, car considérés comme fragilisés ou s’insérant dans des secteurs professionnels peu ou pas investigués du point de vue de leur disposition par rapport à la formation, ont été choisis pour leur hétérogénéité : monde sportif, du spectacle vivant, du travail social etc… Peut-on repérer un recours différencié à la formation en raison de leur place sur le marché du travail ou, au contraire, existe-t-il des processus communs entre eux ?
Enfin, le programme se propose d’étudier les manières dont l’offre de formation professionnelle continue est définie localement. En effet, analyser comment les besoins sont identifiés et quelles ressources sont disponibles sur le territoire afin d’ouvrir de nouvelles formations, est un sujet d’étude marginal à ce jour mais pourtant essentiel pour bien cerner la façon dont les publics visés appréhendent les offres qui leur sont destinées. En ciblant plusieurs territoires contrastés (Le Saumurois (49), Le Pays des Mauges (49), La Région de Nantes et de Saint-Nazaire (44), Le littoral Vendéen (85), etc.), il s’agit de révéler en quoi la spécialisation de ces bassins d’emploi en termes de dynamisme économique, de secteur industriel ou de domaine d’activités conditionne l’accès à certaines formations.
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