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‘Contemporary research has not succeeded in finding them: it is probable that the ancients did not transmit them to us.’ [1]
This pessimism was unjustified: I am pleased to announce that there is indeed one Greek witness that preserves them and that, more generally, provides a text of high quality, as attested by its numerous agreements with the Latin version.
This ‘new’ witness is none other than Sevastianov 56 (and not 55), a manuscript from the Russian State Library in Moscow. [2] Therefore, it is not entirely new, in the sense that it was known and exploited by the editors of the Sources Chrétiennes (Fr. Sagnard, first, then A. Rousseau and L. Doutreleau). However, unbeknownst to them, they only knew the first page, whereas the text continues for two and a half pages, up to the beginning of 11,9, which makes this extract one of the most complete Greek witnesses of Adv. haer. 3,11,8(-9)!
The text of one of these pages is unfortunately very damaged and difficult to read on the digital reproductions made available by the Russian State Library. Nevertheless,it is already possible to provide a provisional edition of the fragment, pending a better transcription of the page in question. This is what I have set out to do in an article entitled ‘Un fragment grec incomplètement exploité d’Irénée (Adv. haer. III, 11, 8) [An Incompletely Exploited Greek fragment of Irenaeus],’ to be published shortly in the Revue des études grecques (135/2 [2022]), in which I also seek to understand how is it that the greater part of this extract has remained ignored for so long.
⁂
This post is also an opportunity to point out an interesting article recently published by Agnès Lorrain (CNRS), who explores the tradition of an as yet unpublished Italo-Greek preface to the Gospels, which also derives from this famous page of Irenaeus: ‘Variations italo-grecques sur les Quatre Vivants : les récritures du copiste Leon dans quelques tétraévangiles [Italo-Greek Variations on the Four Living Ones: the Rewritings of the Copyist Leo in Some Four Gospel Manuscripts],’ Νέα Ῥώμη. Rivista di ricerche bizantinistiche 18, 2021, pp. 119–150.
[1] ‘La recherche contemporaine n’est pas parvenue à les trouver : il est probable que les anciens ne nous les ont pas transmis’ (SC 210, p. 95).
[2] Moskva, Rossijskaja Gosudarstvennaja Biblioteka (RGB), Φ. 270 (P. I. Sevast’janov), 56 (gr. 140); Diktyon: 44336.
]]>Plus encore que d’ordinaire, le volume 94 (2020) se signale par la richesse de son contenu touchant les premiers siècles chrétiens, avec notamment un dossier sur Ambroise de Milan, qui constitue les actes des Journées ambrosiennes organisées à Strasbourg les 15 et 16 novembre 2018 par l’UR 4377 “Théologie catholique et sciences religieuses”.
94/1
Ilaria Ponti Grimm, “Quatre usages remarquables du terme αἷμα dans la littérature chrétienne des Ier et IIe siècles”, p. 5-25.
94/2-4
Dossier “Les traités d’Ambroise de Milan. Quaestiones disputatae” (M. Cutino et L. Legat)
Michele Cutino, “La prétendue série d’Ambroise sur les patriarches: réexamen d’une vexata quaestio”, p. 127-158.
Paola Francesca Moretti, “Corpora e testi. Per un riesame della tradizione manoscritta del De bono mortis (secoli VIII-XII)”, p. 159-179.
Aline Canellis, “Le De Helia et ieiunio d’Ambroise de Milan: entre oralité et écriture littéraire”, p. 181-194.
David Vopřada, “Structure, finalité et datation de l’Expositio psalmi CXVIII de saint Ambroise”, p. 195-213.
Paul Mattei, “Ambroise, De fide libri V ad Gratianum. État de quelques questions”, p. 215-232.
Articles hors dossier
Mantė Lenkaitytė Ostermann, “‘Oubliant qu’ils étaient pontiques et chrétiens, ils sont devenus barbares’: identités mouvantes dans la lettre canonique de Grégoire le Thaumaturge”, p. 235-259.
Almudena Alba López, “David as a Prefiguration of Christ and Redeemed Humanity in the Works of Hilary of Poitiers”, p. 261-282.
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93/1-2
Guillermo José Cano Gómez, ‟Les citations bibliques de l’Instructio Psalmorum d’Hilaire de Poitiers : reflets d’un texte vieux-latin ou traductions de celles d’Origène ?”, p. 91-109.
93/4
Enrico Cattaneo, ‟Irénée, Adversus haereses III, 3, 2 à la lumière de la traduction de l’article grec dans la version latine”, p. 395-412.
Je me permets en outre de signaler ma présentation de l’importante étude de Stephen J. Shoemaker, Mary in Early Christian Faith and Devotion (New Haven, Yale University Press, 2016), un ouvrage qui renouvelle considérablement l’approche des origines du culte marial.
Ce témoin est d’autant plus précieux qu’il s’agit d’une liste rarissime. Pourtant, de Theodor Schermann, dont l’édition des listes d’apôtres est parue en 1907, à l’auteur de ces lignes (voir notamment «La tradition grecque de la liste d’apôtres “Anonyme I” (BHG 153c), avec un appendice sur la liste BHG 152n», Apocrypha 26, 2015, p. 171-209), on ne compte pas les occasions manquées. La liste n’est certes pas signalée dans le catalogue de Sakkélion [2], qui n’offre qu’une description sommaire du manuscrit. Cependant, il est évident depuis les travaux de C. H. Turner que l’Anonyme I, dans sa forme la plus ancienne (que j’appelle désormais Anonyme I A), a circulé en appendice à une édition tardo-antique des Constitutions apostoliques, comme en témoignent à la fois le Vat. gr. 1506 (an 1024) et la version latine dont le Veronensis LI (49) (vers 500), découvert par Turner en 1911, conserve un fragment [3]. Cette circonstance invitait à chercher cette liste dans d’autres manuscrits Constitutions, en particulier ceux qui, comme l’Atheniensis, montrent des affinités particulières avec ces deux témoins.
Comment se fait-il donc qu’aucun spécialiste des listes d’apôtres, semble-t-il, ne se soit aperçu de la présence de la liste dans l’Atheniensis jusqu’à ce jour? L’explication est peut-être en partie à chercher dans l’étonnant silence de C. H. Turner — à qui l’on doit la découverte de l’Anonyme I — sur ce manuscrit. En effet, l’article dans lequel ce savant publia la liste d’apôtres d’après les manuscrits de Vérone et du Vatican [4] est aussi celui dans lequel il faisait l’éloge de l’édition de Funk (qu’il n’avait pas utilisée dans ses premières publications sur le fragment de Vérone). Pourtant il n’y dit mot de l’indication de ce dernier relative à la présence de la liste dans un second manuscrit. Telle est peut-être la raison majeure pour laquelle aucun de ceux qui ont travaillé depuis lors sur l’Anonyme I (y compris l’auteur de ces lignes) n’est allé vérifier dans l’édition de Funk ou plus tard dans celle de M. Metzger. En effet, si Turner avait publié la liste à partir du Vat. gr. 1506 sans signaler d’autre témoin grec, on croyait pouvoir en déduire qu’elle ne figurait dans aucun des manuscrits alors décrits par les éditeurs — preuve, si besoin était, qu’il ne faut jamais s’épargner une vérification! Il faut ajouter à notre décharge que l’Atheniensis 1435 omet la fin du livre VIII des Constitutions, comme on peut aisément s’en rendre compte en consultant le précieux tableau récapitulatif dans lequel M. Metzger indique quel témoin conserve quelle partie du texte (SC 320, p. 94). Or c’est là que la liste se trouve à la fois dans le Vat. gr. 1506 et dans le Veronensis. Dans ces conditions, un coup d’oeil à ce tableau pouvait faire croire qu’il était inutile de consulter la description de ce manuscrit.
Je n’ai pas encore eu accès à des reproductions, mais les indications de Funk et de M. Metzger donnent à penser qu’il contient la liste sous une forme très proche de ce qu’on lit dans le Vat. gr. 1506. À en juger par les descriptions de Funk (vol. 1, p. XXXV) et du P. Paramelle (notice manuscrite accessible sur Pinakes), le texte est complet. En revanche, son titre est différent: Ποῖος ποῦ τῶν ἀποστόλων ἐδίδαξε καὶ πῶς παρῆλθε. Ce qui verse une nouvelle pièce au dossier complexe des titres de l’Anonyme I (voir les p. 203-205 de l’article cité plus haut). Autre différence: l’Atheniensis n’a pas d’autres matériaux sur les évangiles et sur les apôtres, tandis que le Vat. gr. 1506 ajoute notamment l’Anonyme II (voir p. 180 du même article).
Dans quelle mesure ce nouveau manuscrit éclairera-t-il la tradition de l’Anonyme I A? Il est évidemment impossible de le prédire, mais un second témoin grec de cette forme textuelle sera certainement du plus haut intérêt.
[1] F. X. Funk, Didascalia et constitutiones apostolorum, 2 vol., Paderborn, 1905; M. Metzger, Les Constitutions apostoliques (Sources
chrétiennes 320. 329. 336), Paris, 1985-1987. Voir respectivement vol. 1, p. XXXIV-XXXV et SC 320, p. 70s.
[2] J. Sakkélion – A. Sakkélion, Κατάλογος τῶν χειρογράφων τῆς Ἐθνικῆς Βιβλιοθήκης τῆς Ἑλλάδος, Athinai, 1892, p. 257.
[3] Voir C. H. Turner, «A Primitive Edition of the Apostolic Constitutions and Canons: an Early List of Apostles and Disciples», Journal of Theological Studies 15, 1913-1914, p. 53-65.
[4] Il s’agit de l’article cité dans la n. 3.
]]>La RevSR couvre le champ de la théologie catholique et des sciences religieuses et, de ce fait, publie régulièrement des articles relatifs à la patristique et, plus généralement, à l’histoire, à la littérature et à l’archéologie chrétienne. De ce point de vue, l’année écoulée se signale non tant par le nombre d’articles que par leur qualité:
- dans un long article intitulé “Les peintures murales de la domus ecclesiae de Doura Europos : le premier cycle narratif chrétien” (RevSR 92/4, p. 451-497), Emanuela Fogliadini (Milan) fait un point très complet sur les fresques qui ornaient le baptistère et qui constituent un ensemble exceptionnel, puisque, remontant aux années 240, il constitue la plus ancienne réalisation qui nous soit connue dans l’art chrétien. L’intérêt particulier de l’article se situe dans le fait d’interroger le sens de ce cycle en lien avec le rite baptismal;
- suite à la publication de la nouvelle édition des fragments de Gélase de Césarée qu’il vient de publier dans la collection GCS (N.F. 25) avec J. Stutz et N. Marinides (Berlin: De Gruyter, 2018), Martin Wallraff (Munich) fait le point les problèmes complexes liés à la reconstitution de cette œuvre et discute en particulier le problème de sa datation. À l’encontre de l’hypothèse d’un Pseudo-Gélase qui aurait écrit au Ve siècle proposée par P. Van Nuffelen en 2002, l’article montre qu’il n’y a pas de raison de douter qu’il s’agisse d’une œuvre composée au IVe siècle par Gélase, évêque de Césarée, et constituant la plus ancienne continuation de l’Histoire ecclésiastique de son prédécesseur Eusèbe (“Gélase de Césarée. Un historien ecclésiastique du IVe siècle”, RevSR 92/4, p. 499-519);
- bien qu’il s’agisse d’un article de théologie systématique et non de patristique, il vaut la peine de mentionner ici l’étude publiée par Vincent Holzer (ICP) sous le titre “Foi trinitaire, similitudes et dialectique. Pour une intelligence de la foi trinitaire” (RevSR 92/4, p. 521-557) en raison de la place importante qu’y occupe l’analyse de la pensée trinitaire d’Augustin.
Outre les articles, il faut signaler des “notes de lecture” — un nouveau format de compte rendu introduit cette année pour favoriser des discussions approfondies — qui s’inscrivent dans le champ des études patristique et qui sont dues à d’excellents spécialistes des domaines concernés:
- dans le fascicule 2 (p. 279-285), Martine Dulaey (EPHE) rend compte des actes du colloque tenu à Salzbourg en 2015 suite à la redécouverte par Lukas Dorfbauer d’un commentaire patristique qu’on croyait perdu: le Commentaire des évangiles rédigé au milieu du IVe siècle par Fortunatien d’Aquilée ( L. J. Dorfbauer [éd.], Fortunatianus redivivus. Bischof Fortunatian von Aquileia und sein Evangelienkommentar, Berlin: De Gruyter, 2017);
- dans le fascicule 4, deux notes de lecture de Jean-Claude Larchet sur de récentes publications ont été rassemblées sous le titre “Autour de Maxime le Confesseur” (p. 559-564).
En attendant de fêter son centenaire, la RevSR vient de faire peau neuve en changeant de format et de couverture à l’occasion de la parution du premier numéro de cette année (92/1), un très beau numéro thématique «Philosophie et Bible», avec des contributions de: Jean-Luc Marion, de l’Académie française; Jean-Louis Vieillard-Baron; Francis Jacques; Catherine Chalier; Roger Pouivet; Bernard Grasset.
Due à Vincent Couturier, graphiste à l’imprimerie de l’université, la nouvelle couverture fait honneur à l’enracinement strasbourgeois de la revue, en intégrant d’une part le sceau historique de la Faculté de théologie catholique (1903) et, en filigrane, des images tirées de plans de la cathédrale (au recto: partie octogonale de la flèche; au verso: nef).
Ce carnet étant essentiellement consacré au christianisme ancien, c’est l’occasion de rappeler que la RevSR publie régulièrement des articles qui intéressent l’histoire et la littérature de l’Antiquité chrétienne. Ainsi, pour l’an dernier (volume 91, 2017), on peut citer d’une part les études suivantes dans les numéros 2 et 3:
Aline Canellis, «Laetare, Israel. Relecture de l’histoire d’Israël dans le commentaire sur l’Ecclésiaste de saint Jérôme», RevSR 91/2, 2017, p. 159-175.
Ilaria Ponti, «Teodoto di Bisanzio: cristologia, filologia ed esegesi a Roma tra II e III secolo», RevSR 91/3, 2017, p. 327-358.
Jerzy Swietochowski, «Paradoxe cosmique et éthique eucharistique chez Grégoire de Nysse», RevSR 91/3, 2017, p. 359-378.
Et d’autre part, dans le numéro 4, un dossier sur La différenciation sexuelle dans le christianisme ancien, constitué et édité par Michele Cutino et moi-même, qui comprend les articles suivants:
Emanuela Prinzivalli, «Valeurs de la différenciation sexuelle chez Origène et dans sa tradition», RevSR 91/4, 2017, p. 507-523.
Federica Candido, «Le récit protologique dans la perspective de la virginité. Quelques remarques à partir du Banquet de Méthode d’Olympe», RevSR 91/4, 2017, p. 525-542.
Aude-Sophie Dulat-Gravier, «Différenciation sexuelle et anthropologie dans la pensée d’Ambroise de Milan», RevSR 91/4, 2017, p. 543-564.
Michele Cutino, «La différenciation sexuelle et son accomplissement eschatologique chez Augustin», RevSR 91/4, 2017, p. 565-588.
À l’exception — pour l’instant — des numéros les plus récents, la RevSR est disponible sur openeditions.org à l’adresse https://journals.openedition.org/rsr/. On y trouvera les numéros parus depuis 2005; quant aux numéros plus anciens, ils sont intégralement disponibles sur Persée.
]]>- la forme anonyme représentée par l’édition de Donato au début de son édition d’une chaîne exégétique autrefois attribuée à Oecuménius1 et par la plupart des manuscrits, notamment les plus anciens (tel le Reg. gr. Pii II 47, du XIe siècle). Cette forme textuelle comprend les Douze, Paul, Marc (mais pas Luc), Tite, Crescens, l’eunuque de la reine Candace et le nom de quelques-uns des soixante-dix disciples, mais pas de liste complète de ceux-ci. Les variantes les plus importantes entre les témoins de cette liste concernent les matériaux relatifs à saint Paul;
- le texte représenté notamment par le Parisinus gr. 1115 (daté de 1276) ainsi que par une ancienne traduction latine de Moïse de Bergame2. Seule la traduction latine est complète; elle comprend les Douze, Paul, Marc, Luc, Tite, l’Eunuque et une liste des Soixante-dix;
- le texte représenté notamment par le Vindobonensis theol. gr. 40 (77) (XIIIe siècle), qui est mis sous le nom de Dorothée de Tyr. Cette forme textuelle comprend les Douze, Paul, Marc, Luc, une liste des Soixante-dix et l’Eunuque.
L’édition de Schermann3 repose essentiellement sur les deux dernières formes textuelles, ce qui est un choix assez malheureux, car la proximité entre la première forme et la liste «Anonyme I» (BHG 153c)((Sur cette liste, voir Ch. Guignard, «La tradition grecque de la liste d’apôtres “Anonyme I” (BHG 153c), avec un appendice sur la liste BHG 152n», Apocrypha 26 (2015), sous presse.)), indéniablement ancienne, montre qu’il s’agit de la forme textuelle la plus primitive. Les formes dérivées représentées par le Parisinus et le Vindobonensis ne sont toutefois pas sans intérêt, car elles reflètent la façon dont le texte a été retravaillé et, souvent, enrichi.
L’édition de Schermann reflète parfois la diversité des formes textuelles du «Pseudo-Épiphane» en donnant plusieurs fois la même notice, selon des manuscrits différents. C’est notamment le cas pour l’évangéliste Marc, dont la notice est éditée d’abord selon le Parisinus gr. 1115, puis selon le Vindobonensis theol. gr. 40 (77) et enfin selon le Baroccianus 142 et le texte de Donato. Le texte de Schermann est malheureusement riche en coquilles et en erreurs de collation (dont Schermann n’est pas forcément toujours responsable, car il a en grande partie travaillé sur la base de collations fournies par d’autres savants)((Dans la notice sur le diacre Étienne tirée du même manuscrit, il faut signaler en particulier λιθοβληθεὶς (p. 118, 20) pour λιθοβοληθεὶς, erreur qui pourrait faire conclure à un problème textuel, voire à l’existence d’un verbe *λιθοβάλλω.)). La notice sur Marc du Vindobonensis theol. gr. 40 (77) (p. 116, 6-13)((Pour ce manuscrit, Schermann dépendait d’une collation d’Heinrich Gelzer; voir son introduction, p. XXXVI.)) est particulièrement mal éditée. En effet, outre deux coquilles4, ces lignes comportent une mauvaise conjecture — faite, semble-t-il, sur la base d’une erreur de lecture —, qui rend les l. 9-10 incompréhensibles. Il vaut donc la peine de donner ici à nouveaux frais le texte de cette notice d’après le Vindobonensis theol. gr. 40 (77), f. 259v:
〈Μ〉άρκος ὁ εὐαγγελιστὴς καὶ πρῶτος Ἀλεξανδρείας ἐπίσκοπος Ἀλεξανδρεῦσι καὶ πάσῃ τῇ περιχώρῳ αὐτῆς ἐκήρυξε τὸ εὐαγγέλιον τοῦ κ(υρίο)υ, ἀπὸ Αἰγύπτ(ου) καὶ μέχρι Πενταπόλεως· ἐπὶ δὲ τῆς βασιλείας Τραϊανοῦ ἐν Ἀλεξανδρείᾳ κάλων λαβὼν κατὰ τοῦ τραχήλου καὶ συρεὶς ἀπὸ τῶν καλουμ(έν)ων Βουκόλου τόπων ἕως τῶν καλουμ(έν)ων Ἀγγέλων ἐκεῖ ἐκάη πυρὶ ὑπὸ τῶν εἰδωλομανῶν μη(νὶ) Φαρμουθὶ λʹ· καὶ ἐκεῖ ἐτάφη ἐν τοῖς Βουκόλου.
Aux l. 9-10, Schermann imprime 〈Βου〉κόλων, ce qui suppose la lecture au lieu du κόλων au lieu de κάλων («câble»). Une fois la leçon du manuscrit rétablie, la description du supplice de Marc redevient pleinement compréhensible: on lui attache au cou un câble pour le traîner dans les rues d’Alexandrie.
- Ἐξηγήσεις παλαιαὶ καὶ λίαν ὠφέλιμοι βραχυλογίαν τε καὶ σαφήνειαν τοῦ λόγου ἔχουσαι θαυμαστὴν ἐκ διαφόρων τῶν ἁγιῶν πατέρων ὑπομνημάτων ὑπὸ Οἰκουμενίου καὶ Ἀρέθα συλλεχθεῖσαι εἰς τὰς τῆς Νέας Διαθήκης πραγματείας τάσδε … Expositiones antiquae ac ualde utiles breuitatem una cum perspicuitate habentes mirabilem, ex diuersis sanctorum patrum commentariis ab Oecumenio et Aretha collectae in hosce Noui Testamenti tractatus …, Veronae, 1532, f. 4r-5r.
- Éditée par F. Dolbeau, «Une liste ancienne d’apôtres et de disciples, traduite du grec par Moïse de Bergame», dans: Prophètes, apôtres et disciples dans les traditions chrétiennes d’Occident, Vies brèves et listes en latin (Subsidia hagiographica 92), Bruxelles, 2012, p. 227-242.
- Th. Schermann, Prophetarum vitae fabulosae, indices apostolorum discipulorumque Domini, Dorotheo, Epiphanio, Hippolyto aliisque vindicata (Bibliotheca Teubneriana), Leipzig, 1907, p. 107-126.
- περιχώρᾳ, l. 7; ἀπὸ au lieu de ὑπὸ, l. 12.
La consultation est fonctionnelle, mais peu commode et peu intuitive. Une fois “entré” dans l'”archivio”, il faut cliquer à gauche de l’écran sur le dossier “Archivio Storico per la Calabria e la Lucania”, puis sur le bouton “Visualizza lista documenti” et enfin, pour consulter un volume précis, sur le symbole ayant la forme d’un œil, qui ouvre une fenêtre permettant de consulter les articles page par page.
J’ai ajouté cette revue dans ma liste de “Périodiques grecs en Suisse romande ou sur Internet (avec quelques autres périodiques d’études byzantines)“.
]]>Remarquablement diversifié, le catalogue intéressera tant les spécialistes de la littérature classique que ceux de la littérature chrétienne (parmi bien d’autres titres, je relève la présence de quelques volumes de la Patrologie de Migne). Outre les éditions, il faut signaler la présence d’un certain nombre de lexiques et de grammaires.E
Un grand merci à Bruce Robertson (Mount Allison University, Sackville, NB, Canada) et à Federico Boschetti (Istituto di Linguistica Computazionale “A. Zampolli”, CNR, Pise), à qui est dû ce précieux outil.
]]>
1) Le ms. A (Vatic. gr. 1974) n’est pas incomplet, comme le croyait Schermann. En fait, le texte du f. 7v continue au f. 70r, comme l’indique le Novum Auctarium de la BHG sous 156n.
2) C et D sont censés représenter respectivement:
— le texte publié dans les SS. Patrum apostolicorum opera de Cotelier (Amsterdam, 21724, t. 1 [et non t. 2, comme l’indique Schermann], p. 274, en note) tel que le reproduit Lipsius dans ses Apokryphen Apostelgeschichten und Apostellegenden (vol. 1, Braunschweig, 1883, p. 24). Le texte est tiré du « MS. Codex 1007. Bibliothecae Regiae », un tétraévangile, où il se lit à la suite de Matthieu;
— le texte publié par Fabricius dans la Codicis apocryphi Novi Testamenti pars tertia, à la p. 590 de l’édition de 1719 (à Hambourg).
Si l’identification de C ne pose pas problème, il en va différemment pour D. La référence donnée par Schermann est manifestement fausse: on ne trouve pas de liste d’apôtres à la p. 590 de l’édition de 1719. Il y en a une à cette page, en revanche, dans celle de 1743, mais il s’agit du De apostolorum parentibus (BHG 157) et non de la liste 156n. En fait, Schermann commet une double imprécision: en réalité notre texte se trouve aux p. 595ss. de l’édition de 1743.
Qui plus est, Schermann note à propos de Fabricius: « der keine HS, die ihm etwa zur Verfügung stand, namhaft macht. » Curieuse remarque, puisque Fabricius renvoie très explicitement à Cotelier (bien que le numéro de page corresponde à l’édition de 1698) et mentionne le manuscrit 1007 de la Bibliothèque royale.
C et D sont donc, en réalité, un seul témoin, que D représente plus fidèlement. En effet, tous les cas où Schermann cite une leçon de D différente de celle de C (apparat, l. 6 et 21) correspondent à des passages où Lipsius s’écarte du texte des Patres apostolici, soit par erreur, soit pour le corriger. Ainsi, les cas où seul C est cité dans l’apparat, ce qui supposerait en théorie l’accord de D avec le texte édité par Schermann, sont simplement des cas où il oublie de citer D.
Il restait à identifier le manuscrit 1007 de la Bibliothèque royale, ce que ni Lipsius, ni Schermann n’ont fait. Ce numéro renvoie au catalogue de Pierre et Jacques Dupuy (1654). Il correspond au n° 2860 du catalogue de 1682 [3], c’est-à-dire à l’actuel BNF Gr. 68 (XIIe siècle; 21 Gregory-Aland). On y trouve bien cette liste, écrite par une main plus récente, au f. 55v.
[1] BHG 154e renvoie à l’édition de Cotelier (et à des éditions qui reproduisent son texte) et donc, in fine, au manuscrit de Paris. BHG 156n renvoie aux deux manuscrits utilisés par Schermann. Ces témoins présentent des différences, mais cela vaut également pour les deux manuscrits enregistrés sous 156n. Il paraît donc superflu d’enregistrer cette liste sous deux numéros différents.
[2] Propheten- und Apostellegenden : nebst Jüngerkatalogen des Dorotheus und verwandter Texte (Texte und Untersuchungen zur Geschichte der altchristlichen Literatur 31/3), Leipzig, 1907, p. 231ss.
[3] Voir H. Omont, Concordances des numéros anciens et des numéros actuels des manuscrits latins de la Bibliothèque nationae, Paris, 1903, p. 155.
]]>Il est toutefois un cas qui dépasse de loin la mesure de l’imprécision pour atteindre à la « création philologique »: la très brève liste des disciples éminents qu’on lit à la p. 128 sous le numéro 3b parmi des appendices à la liste des apôtres attribuée à Épiphane (appendices dont, d’ailleurs, le rapport avec cette liste est loin d’être évident dans tous les cas). En voici le texte dans son édition (voir aussi p. XXXIX, n. 1):
Τῶν δὲ οʹ οἱ πρόκριτοί εἰσιν οὗτοι: Παῦλος, Μάρκος, Λοῦκας, Τίτος, Κανδάκης ὁ εὐνοῦχος, Ἰωάννης βαπτιστής.
Schermann indique avoir eu recours d’une part à l’Ottobonianus gr. 167 (A) et d’autre part à l’Ambrosianus M 15 sup. (Gr. 506, B). Il a lui-même consulté le premier (voir son édition, p. XLVs. et LXV). En revanche, il ne paraît avoir connu le second que par l’intermédiaire du catalogue de Martini et Bassi [3]. En effet, l’Ambrosienne ne fait certainement pas partie des bibliothèques italiennes dans lesquelles Schermann s’est personnellement rendu (cf. p. VII de son introduction), puisqu’il n’a collationné aucun de ses manuscrits (voir les références aux manuscrits de Milan indiquées dans l’index, p. 254).
Son apparat ne signale que deux variantes: 1) ἐστιν B (ce qui est inexact: B a bien εἰσιν, comme l’indiquent d’ailleurs Martini et Bassi); 2) Παῦλος <ἐξ> Ἱερουσαλὴμ κηρύξας τὸ εὐαγγέλιον τοῦ Χριστοῦ κτλ. Β (ce qui correspond à l’incipit indiqué par le catalogue, à ceci près que pour combler la lacune qu’indiquent Martini et Bassi après Παῦλος, Schermann propose une mauvaise conjecture; l’Ambrosianus est affecté par un petit trou, mais on lit sans peine Παῦλος [ἀπ]ὸ ). Cette seconde variante a de quoi laisser le lecteur perplexe, puisqu’elle signifie que l’Ambrosianus n’a pas seulement le nom de Paul, mais une notice, que Schermann n’a pas toutefois reproduite en entier (bien qu’elle soit différente de celle qu’il a éditée dans la liste attribuée à Épiphane, p. 114, 6-115, 4), sans lui indiquer où chercher l’équivalent.
Or la consultation des manuscrits révèle que non seulement l’Ambrosianus a bien une notice complète sur Paul, mais encore que les deux manuscrits ont des notices complètes sur chacun des personnages mentionnés! De plus, Schermann omet le nom de Crescens, qui suit pourtant celui de Luc dans les deux manuscrits, et ne signale pas (comment le pourrait-il?) que Tite manque dans l’Ambrosianus.
Stricto sensu, la liste éditée par Schermann n’existe pas, et le texte de l’Ambrosianus et de l’Ottobonianus, sur lequel je compte revenir bientôt dans un article, peut être considéré comme inédit. A ma connaissance, les erreurs de Schermann ont été sans conséquence sur la recherche: personne, semble-t-il, n’a prêté attention à ces deux lignes de son édition et, en enregistrant le texte tel que le donnent les manuscrits, la BHG (3e éd., n° 156d [4]) n’en fait même pas mention [5]. Il n’en est pas moins vrai que l’éditeur trompe gravement son lecteur.
Certes, rien ne permet de l’accuser de tromperie volontaire. Il n’en demeure pas moins que ce que l’on peut reconstituer de la méthode suivie pour l’ « édition » de ce texte est accablant. En effet, Schermann ne connaît manifestement du manuscrit de Milan que ce qu’en indique le catalogue, à savoir le titre (Τῶν δὲ οʹ οἱ πρόκριτοί εἰσιν οὗτοι) et le début de la notice sur Paul. Ces indications lui ont permis d’identifier, à juste titre, ce texte avec celui de l’Ottobonianus. Cependant, bien qu’il ait personnellement examiné ce manuscrit, il ne semble pas avoir eu conscience, au moment d’établir le texte, que ce témoin contenait non pas une liste de noms, mais un ensemble de notices; peut-être s’est-il laissé tromper par des notes trop sommaires, où il manquait le nom de Crescens (qu’il n’a peut-être pas remarqué, car le copiste a oublié l’initiale). Il suppose ensuite que l’Ambrosianus contient les mêmes noms que l’Ottobonianus, quand bien même il ne connaît qu’une partie de la notice sur Paul. En d’autres termes, son édition repose sur des données textuelles (extrêmement) incomplètes et une supposition hasardeuse.
Fort heureusement, l’édition de Schermann repose généralement sur des bases plus fermes (quoique rarement inébranlables). Ce cas jette néanmoins une lumière crue sur la légèreté avec laquelle il a trop souvent travaillé.
[1] Voir « Les listes grecques d’apôtres et de disciples du Christ : présentation d’un projet de recherche », Bulletin de l’AELAC 22-23 (2012-2013), p. 29-34.
[2] « Listes latines d’apôtres et de disciples, traduites du grec », Apocrypha 3 (1992), p. 273 = Prophètes, apôtres et disciples dans les traditions chrétiennes d’Occident. Vies brèves et listes en latin (Subsidia hagiographica 92), Bruxelles, 2012, p. 215 .
[3] E. Martini et D. Bassi, Catalogus codicum Graecorum bibliothecae Ambrosianae, Milano, 1906, vol. 2, p. 609 (n° 1694 du Répertoire de Richard et Olivier).
[4] BHG 156d correspond plus précisément au texte complet de l’Appendice 3b de Schemann (p. 128) suivi des Appendices 2 et 3a (p. 127s.).
[5] Lorsque le P. Halkin signale le texte de l’Ambrosianus et sa parenté avec le manuscrit du Vatican, ainsi que la liste des Douze qui précède, dans ses « Suppléments ambrosiens à la Bibliotheca Hagiographica Graeca » (Analecta Bollandiana 72, 1954, p. 325-342, en l’occurrence 336), il écrit que ces deux listes « sont différentes de celles qu’a publiées Schermann »; il omet, peut-être volontairement, son « édition » de la seconde.
]]>On this basis, it is interesting to compare our fragment’s text with important witnesses, especially with manuscripts older than or (broadly) contemporary with it. For the sake of clarity, I retain only P66.75, the only two papyri that attests the same verses, the oldest uncials that contains them (ℵ 01, A 02 [ch. 9 only], B 03, D 05, T 029 [ch. 7 only] W 032) – the Codex Ephraemi Rescriptus (C 04) lacks both passages – and the Byzantine text-form (Byz)[1].
Here are the most significant cases (the orthography is normalized; since I align the fragment’s readings with that of other manuscripts, I do not point the letters whose reading is uncertain):
John 7 (fol. 142v, col. 1)
8a ἑορτὴν ταύτην 0323 ℵ* Byz ἑορτήν P66.75 ℵc B D T W
8b οὔπω ἀναβαίνω 0323 P66.75 B T W Byz οὐκ ἀναβαίνω ℵ D
ὁ (om. ℵ*) ἐμὸς καιρὸς 0323 P66.75 ℵ B D T W ὁ καιρὸς ὁ ἐμὸς Byz
9 καὶ ταῦτα δὲ 0323 ταῦτα δὲ P66.75 B W T Byz ταῦτα ℵ D
αὐτοῖς 0323 P75 B Dc T Byz αὐτὸς P66 ℵ D* W
10 τότε καὶ (καὶ om. 0323) αὐτὸς ἀνέβη εἰς τὴν ἑορτήν 0323 D Byz εἰς τὴν ἑορτὴν τότε καὶ αὐτὸς ἀνέβη P66.75 B ℵ T W
John 9 (fol. 149v, col. 1–2)
17 τί σὺ 0323 ℵ B σὺ τί P75A D W Byz P66 non legitur
18 ὅτι τυφλὸς ἦν 0323 A Byz ὅτι ἦν τυφλὸς P66.75 ℵ B W finem versiculi 18 om. D
19 ἠρώτησαν 0323 P75 ℵ A B W Byz ἐπηρώτησαν P66 D
αὐτοὺς λέγοντες 0323 P66.75 ℵc A B D Byz αὐτοὺς ℵ* W
οὗτός ἐστιν 0323 P66.75 ℵc A B W Byz εἰ οὗτός ἐστιν ℵ* εἰ ἔστιν οὗτος D
βλέπει [ἄρτι] 0323 (ut vid.) P75 ℵ B D W ἄρτι βλέπει P66 A (M. Dunlop Gibson could read only βλέπει [col. 1, l. 22]. Since the remaining space – at least 3 letters – is sufficient for ἄρτι and no other reading seems to be transmitted, one can be reasonably sure that this is the fragment’s reading.)
20 ἀπεκρίθησαν δὲ αὐτοῖς 0323 A Byz ἀπεκρίθησαν αὐτοῖς D ἀπεκρίθησαν οὖν P66.75 ℵ B ἀπεκρίθησαν W
21 αὐτὸς ἡλικίαν ἔχει αὐτὸν ἐρωτήσατε αὐτὸς (αὐτὸς om. 0323 [ut vid.]) 0323 A Byz αὐτὸν ἐρωτήσατε (ἐπερ- D) ἡλικίαν ἔχει αὐτὸς P66 ℵc B D αὐτὸς ἡλικίαν ἔχει (αὐτὸς add. P75) P75 ℵ* ἡλικίαν ἔχει W (After (ερω)τησατε [6 letters], the remaining of l. 13 seems to be blank. Since the average number of letters by line is between 12 and 13, there would be space for αὐτὸς.)
22 ὁμολογήσῃ αὐτὸν 0323 (ut vid.) P66.75 D αὐτὸν (om. A*) ὁμολογήσῃ ℵ A B W Byz
I printed in bold the variants that are not attested in R. J. Swanson’s John volume (in 7, 9. 10) or in the electronic edition of the Greek majuscule manuscripts of John. I shall comment a little more on this in a forthcoming article (“0323: A Forgotten 4th or 5th Century Greek Fragment of the Gospel of John in the Syrus Sinaiticus”, Novum Testamentum 57 [2015]).
This comparison reveals no particular kinship with any of the manuscripts under consideration, but, at least in the few deciphered verses, our fragment shows more textual affinity with P75, A, B and Byz than with P66, ℵ, D and W. Hopefully a more complete deciphering will help to define more precisely its place among the major textual types. Provisionally, if one uses K. and B. Aland categories, one could assign it to category III, which includes ‘manuscripts of a distinctive character with an independent text[2]’.
[1] For Byz, the textual data are based on The Gospel according to John in the Byzantine Tradition, ed. Roderic L. Mullen et al. (Stuttgart: Deutsche Bibelgesellschaft, 2007) (https://arts-itsee.bham.ac.uk/itseeweb/iohannes/byzantine). For T 029, I used the negative apparatus of An Electronic Version of The New Testament in Greek IV: The Gospel according to St John, vol. 2: The Majuscules, ed. U. B. Schmid et al., 22013 (https://www.iohannes.com/majuscule/index.html). For the other witnesses, the data are based on R. Swanson, New Testament Greek Manuscripts. Variant Readings Arranged in Horizontal Lines Against Codex Vaticanus. John (Sheffield: Sheffield Academic Press, 1995), pp. 92–3 and 130–32.
[2] K. Aland and B. Aland, The Text of the New Testament. An Introduction to the Critical Editions and to the Theory and Practice of Modern Textual Criticism (Grand Rapids and Leiden, 1987), p. 106.
L’une des particularités de ce manuscrit, resté inconnu de Beckh, le dernier éditeur des Géoponiques, est de porter un ☧ (ΧΡ) surmonté d’un C dans la marge, au niveau où commence Geop. V, 15, 3: “Il faut donc éviter de mélanger ceux-ci (à savoir les raisins issus de différents cépages), afin que, dans le mélange, le meilleur (raisin) ne soit pas gâté par le moins bon.” Uspenskij suggérait que ce sigle pouvait faire référence à Jean Chrysostome, ce qui constitue une interprétation vraisemblable, quand bien même mes recherches ne m’ont pas permis d’identifier un passage chrysostomien ou pseudo-chrysostomien auquel le conseil vinicole aurait pu faire penser le copiste.
Un détail qui n’est pas sans intérêt m’avait échappé au moment de la rédaction de l’article: le conseil viticole des Géoponiques n’est pas sans évoquer une prescription du Deutéronome. Je traduis ici littéralement le texte de la Septante: “Tu ne sèmeras pas <dans> ta vigne une différente (διάφορον) afin que ne soit pas sanctifié [c’est-à-dire consacré et donc impropre à tout usage] le fruit et la semence (σπέρμα) que tu aurais semée avec le fruit de ta vigne” (Dt 22, 9). Étant donné que le contexte est celui de l’interdiction de certains mélanges (ne pas labourer en associant un bœuf et un âne, v. 10; ne pas mélanger laine et lin dans les vêtements, v. 11), διάφορον désigne plutôt une semence différente (sous-entendre σπέρμα, qui apparaît plus loin dans la phrase) qu’une autre sorte de vigne, mais, tout comme le texte massorétique, le texte grec pourrait facilement se comprendre ainsi (διάφορον, scil. ἀμπελῶνα). Dans ces conditions, il n’est que plus imaginable que la lecture de Geop. V, 15 ait rappelé au copiste de l’Egerton ou à celui de son modèle un passage d’un commentaire du Deutéronome ou un sermon transposant la prescription suscitée dans le domaine spirituel ou moral (cf. 2Co 6, 14, avec une autre image) et qu’associant ce texte au nom de Chrysostome, il ait été amené à proposer celui-ci comme source (ou en tous cas comme source d’inspiration) de la prescription viticole des Geop. V, 15, 3. En tout état de cause, le lien que l’on peut faire entre ce passage et le Deutéronome renforce la possibilité d’une référence à Chrysostome, fût-elle vague et inexacte[3].
[1] “A propos de deux manuscrits classiques du Grand Météore (Egerton 3154 ; Phillipps 6459)”, Codices manuscripti & impressi 89-90 (2013), p. 25-37. Pour la question d’une possible référence à Chrysostome, voir p. 29, n. 34 (je signale qu’il faut évidemment corriger “Geop. V 3″ en “Geop. V 15, 3″ à la 11e l. à partir du bas de la note).
[2] Vostok’christianskij Thessalija. Puteshestvie v’Meteorskie i Osoolimpijskie monastyri v’Thessalii Arhimandrita Porfirija Uspenskago v’1859 godu, Nzdanie Imperatorskoj Akademin Nauk’pod’redakciju P. A. Syrku, Sankt Peterburg, 1896, p. 546.
[3] Une recherche sur Dt 22, 9 dans Biblindex ne donne malheureusement aucun résultat chez Chrysostome. Si le copiste pense à un texte théologique, il ne s’agit pas forcément d’un texte chrysostomien (même pseudo-chrysostomien).
La traduction italienne, à paraître aux Edizioni della Normale (Pise), s’accompagnera du texte de l’édition de R. Henry (publiée aux Belles Lettres dans la Collection byzantine, 8 t., Paris, 1959-1977 ; réimprimée dans la CUF, 1991, avec un volume d’index par J. Schamp [t. 9]), le traducteur ayant toutefois la liberté de le modifier là où cela s’avère nécessaire. De fait, le texte de Henry, extraordinairement conservateur, nécessite un certain nombre de corrections. Le cod. 223 a déjà retenu l’attention de plusieurs philologues :
W. Jaeger, « Studia in Photium », Rheinisches Museum für Philologie 103, 1960, p.168-171 ;
G. Ch. Hansen, Gnomon 39, 1967, p. 689-694 ;
R. Renehan, « Photius Bibl. p. 209 a 33 sq. », Rheinisches Museum für Philologie 104, 1961, 189 ;
Ch. Schäublin, « Zu Diodors von Tarsos Schrift gegen die Astrologie (Phot. Bibl. cod. 223) », Rheinisches Museum für Philologie 123, 1980, p. 51-67.
Face aux problèmes, assez nombreux, que pose le texte de Photius, la difficulté est évidemment, comme on l’a plusieurs fois relevé, de déterminer s’il faut ou non intervenir, puisque le texte de la Bibliothèque intégrait déjà, à n’en pas douter, des fautes qui s’étaient glissées dans la tradition manuscrite des auteurs qu’elle intègre et que d’autres se sont sans doute produites dans le processus de composition de la Bibliothèque elle-même. C’est ainsi que j’ai renoncé à corriger l’aberrant Γαλλίας en Ἰταλίας en 212b, 10 : cette faute d’onciale a bien des chances d’être antérieure à Photius et pourrait même avoir figuré dans le texte de Diodore ou d’une de ses sources. En la matière, toutefois, la certitude est hors de portée et, il faut l’avouer, il est difficile, sinon impossible, d’échapper à un certain arbitraire. C’est pourquoi je me suis limité à intervenir (1) dans le cas où le texte des manuscrits ne se comprend pas ou ne fait pas sens (par ex. 209a, 12 ou 209b, 10) et (2) dans les cas où la corruption est évidente et a plus de chances de s’être produite dans la tradition manuscrite de la Bibliothèque qu’à un stade antérieur (par ex. 208b, 24, appuyé par le parallèle de 221b, 17s, ou 210b, 28). Certains problèmes pourraient être dus à des inconséquences de Photius dans son travail de résumé (par ex. 215b, 42-216a, 2, où il manque un verbe conjugué ; une lacune n’est toutefois pas exclue). Les entorses à la rigueur grammaticale posent des problèmes particulièrement aigus. Le cas le plus emblématique est celui de 215b, 12-13 (Διὰ τί δὲ τὸ ὅλον γένος τοιοῦτον καὶ οὔτε λαγὼς θρασυνθῇ οὔτε λέων δειλιάσει …, mais μελετήσειεν à la l. suiv. ; cf. Hansen, p. 691). Faut-il normaliser ? Après bien des hésitations, j’ai préféré renoncer à une intervention (forcément lourde), même si le texte est, pour le moins, insatisfaisant.
Je donne ici la liste des modifications qui me paraissent indispensables (je commenterai quelques passages dans une note à paraître dans le Rheinisches Museum). Cette liste intègre aussi la correction de certaines coquilles et des modifications de la ponctuation. La colonne des remarques indique la source des conjectures et autres interventions critiques lorsque je n’en suis pas l’auteur. Les leçons précédées de l’astérisque sont celles que j’ai vérifiées dans A et M.
| Henry (t. 4) | Modifications | Remarques | |
| 208b24 | νόσον καὶ ζωὴν | νόσον <καὶ ὑγίειαν> καὶ ζωὴν | Hansen 690 |
| 209a12 | τὸ AM1 | τοῦ M2 | cf. Schäublin 52, n. 9 |
| 209b10 | σωθῆναι AM | δοθῆναι | Schott |
| 210b1-2 | *οἱ ἔλεγχοι πρόεισι AM[1] | [οἱ ἔλεγχοι] πρόεισι | |
| 210b28 | ἐπὶ δύσιν, ἄλλοτε δὲ ἐπὶ μεσημβρίαν | ἐπὶ δύσιν, <ἄλλοτε δὲ ἐπὶ βορρᾶν>, ἄλλοτε δὲ ἐπὶ μεσημβρίαν | Jaeger 171 |
| 210b37-38.41 | αὐτό; Καὶ τότε […] ἀφωρισμένης. | αὐτό, καίτοι γε […] ἀφωρισμένης; | Schäublin 53 |
| 211a41 | ὅτι οὐ κινοῦνται | *ὅτι κινοῦνται AM | |
| 212b16 | Τί M | Τίς A | cf. Hansen 690 |
| 213b14 | πάντων, οὐχ οἷόν τε | πάντων, ὧν οὐχ οἷόν τε AM | |
| 213b36 | κάλλιστον | κάλλιστον <τῶν> | Bekker |
| 215a8 | *ἢ τῆς πόλεως M | *ἡ τῆς πόλεως A | cf. Hansen 690[2] |
| 215a16 | *συζυγιῶν AM | συζύγων | Hansen 691 |
| 215a38 | τοιοῦτος M | τοιοῦτο A | cf. Hansen 690 |
| 218a12 | ἱδρύμενα | *ἱδρυμένα AM | cf. Schäublin 52, n. 5, |
| *τῶν Ῥωμαίων M | *Ῥωμαίων A | cf. Hansen 690 | |
| 218a13 | *μετῴκισε AM | μετῴκησε | Bekker |
| 218b29 | κολαζόμενον | κολάζεσθαι | Schäublin 54 |
| 219a5 | θυέλλη | θυέλλῃ | cf. Schäublin 52, n. 5 |
| 219a9 | *ἠγνοήθη AM | ἀγνοηθῇ | Hansen 691 |
| 220b31 | ἔσχηκε. | ἔσχηκε <…>. | |
| 221a23-24 | δραματούργημα, τῶν δαιμόνων ἔργον ἂν εἴη, τῆς ἁμαρτίας | δραματούργημα τῶν δαιμόνων, ἔργον ἂν εἴη τῆς ἁμαρτίας | Schäublin 56, n. 17 |
| 221b39 | οἴονται | οἷόν τε | Schäublin 54 |
C’est cependant dans un manuscrit latin provenant de l’Abbaye de l’île écossaise de Iona que se trouve le plus ancien texte grec des collections de la Stadtbibliothek de Schaffhouse: à la fin du ms. Gen. 1, copié aux environs de 700, se lit le le Notre Père (Mt 6, 9-13) en onciale grecque (p. 137) Ces quelques lignes sont sans doute de la main même de l’Abbé Dorbbene, qui a copié la Vie de Saint Colomba par Adamnan qui forme le corps du manuscrit (voir la notice de R. Gamper, op. cit., p. 67s. et la celle d’e-codices). Il y a là un témoignage émouvant des rudiments de culture grecque qui ont pu survivre dans la culture monastique irlandaise du haut Moyen Âge.
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